A la veille de la célébration du deuxième anniversaire de la chute du régime de l'ancien président Zine Al Abidine Ben Ali (14 janvier 2011), la Tunisie reste livrée à une série de troubles sociaux touchant différentes structures et régions pour revendiquer à la troïka dirigée par le mouvement islamique Ennahdha la "concrétisation" de programmes de développement et la résorption du chômage. Face à cette situation grondante, Rached Ghannouchi, leader du mouvement Ennahdha, a mis en garde contre toute dérive menant au "chaos", affirmant que les troubles sociaux marqués par des actes de violence dans plusieurs régions du pays dont Ben Guerdane, Siliana et al Qasrayn "n'honorent nullement la révolution". Ainsi, des marches et manifestations ont été organisées dans plusieurs régions en raison de la dégradation du pouvoir d'achat du citoyen, l'augmentation du taux de chômage et le recul de la dynamique économique ce qui va "à l'encontre des objectifs de la révolution" qui a mené à la chute de l'ex président BenAli. Depuis plusieurs jours, la ville de Ben Guerdane, frontalière avec la Libye, est le théâtre de troubles violents en raison de manifestations appelant à la concrétisation des programmes et projets de développement et à la réouverture du point de passage de Ras Jedir considéré comme le "nerf économique de la région". Des représentants syndicaux dans la région ont imputé ces troubles à la "négligence" affichée par le gouvernement à l'égard des revendications socio-économiques des populations, estimant que la réouverture du poste frontières n'était qu'un point parmi les revendications. A Tunis, l'association des magistrats tunisiens a observé un sit-in devant le siège de l'Assemblée constituante pour exiger la création d'une haute instance indépendante élue pour le contrôle de la justice, appelant par la même occasion à "l'indépendance de la magistrature et du parquet de l'exécutif". L'Association a estimé en outre, que le "retard" accusé dans la création de l'instance de l'ordre judiciaire. "Il est inadmissible de parler de transition démocratique, d'élections régulières et transparentes et de liberté d'expression en l'absence d'une justice indépendante", a encore souligné l'Association dans un communiqué. Dans la ville Menzel Bouzaiane, gouvernorat de Sidi Bouzid, des citoyens ont entamé un sit-in ouvert pour revendiquer la concrétisation des programmes de développement et "mettre fin à la politique de marginalisation" dont souffre leur région, selon les slogans. La situation exige la levée de la désinformation autour des revendications populaires, indique un communiqué des manifestants qui insiste sur le droit de la région à un "développement équitable et équilibré". A al Qasrayn, l'on enregistre une reprise des mouvements de protestation contre la "politique de marginalisation" dans la région, selon des sources syndicales, au moment où les manifestants dénonçaient "l'absence de tout projet de développement ou d'emploi". D'autre part, des représentants de partis politiques dans la région ont affirmé que la protestation "se poursuivra" jusqu'à l'"aboutissement" des revendications légitimes de la région. Thala, autre région de la Tunisie, connait elle aussi, des manifestations pacifiques qui ont donné lieu à une grève générale marquée par la fermeture des commerces, des entreprises publiques et des établissements éducatifs. Seuls les hôpitaux et pharmacies étaient ouverts. L'Union régionale du travail d'el Kef a décidé quant à elle, d'entamer une grève générale le 16 janvier prochain pour protester contre le non-respect par le gouvernement des accords conclus avec l'Union des travailleurs qui visent essentiellement le soutien du développement et la réalisation de projets pour la résorption du chômage.