La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a déclaré mercredi que les bouleversements du monde arabe de 2011 avaient chamboulé l'équilibre des forces et fragilisé la sécurité dans cette région. Dans son audition devant le Congrès sur l'attentat de Benghazi qui avait coûté la vie à quatre Américains dont l'ambassadeur Chris Stevens, Mme Clinton a considéré que cette opération meurtrière "ne s'est pas produite à partir du vide". "Les révolutions arabes ont bouleversé la dynamique du pouvoir en place et porté un coup aux forces de sécurité dans la région", a-t-elle affirmé. En outre, a-t-elle poursuivi, l'instabilité au Mali a créé un "vaste refuge" aux terroristes qui cherchent" à étendre leur influence et à conduire des attaques dans d'autres endroits tel que nous l'avons vu la semaine dernière en Algérie" dans l'opération terroriste perpétrée au site gazier de Tiguentourine (In Amenas). Pour la chef de la diplomatie américaine, l'attaque terroriste de Benghazi "fait partie d'un vaste enjeu stratégique" pour les Etats-Unis et leurs partenaires en Afrique du Nord. Dans ce sens, elle a mis l'accent sur la nécessité de l'intensification des efforts pour lutter contre le terrorisme et concevoir des "moyens efficaces pour soutenir les démocraties naissantes en Afrique du Nord". Soulignant que les inquiétudes des Etats-Unis au sujet du terrorisme et de l'instabilité en Afrique du Nord n'étaient pas récentes, elle a précisé qu'elles constituaient une "priorité" pour le gouvernement américain et ses services de sécurité. A ce sujet, elle a fait valoir qu'il s'agissait de faire face "à un environnement de menaces en évolution rapide" qui nécessite de continuer à agir de façon à "accroître la pression" sur Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et les autres groupes terroristes dans la région. Dans ce sens, elle a rappelé les démarches qu'elle avait entreprises à travers ses contacts avec les dirigeants des pays maghrébins, la tenue d'une réunion à l'Assemblée générale de l'ONU consacrée au Mali et au Sahel, et sa visite effectuée en octobre à Alger ainsi que celle du secrétaire d'Etat adjoint, William Burns pour, selon elle, assurer le suivi. Pour Mme Clinton, l'action est concentrée sur le "ciblage" des groupes terroristes affiliés à Al-Qaïda par "la fermeture de leurs sanctuaires, le tarissement de leurs ressources financières, la lutte contre l'idéologie extrémiste, et le ralentissement du flux de nouvelles recrues". Relevant l'importance pour les Etats-Unis de continuer à mener leur lutte anti-terroriste au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et partout dans le monde, Mme Clinton a clamé : "Nous avons parcouru un long chemin au cours des quatre dernières années, et nous ne pouvons pas reculer maintenant". "Lorsque les Etats-Unis sont absents, en particulier dans des environnements instables, il y a des conséquences : L'extrémisme prend racine, nos intérêts en souffrent et notre sécurité interne se trouve menacée", a-t-elle relevé devant le Congrès. En répondant aux différentes questions soulevées par les parlementaires américains, Mme Clinton a estimé que les bouleversements connus par le monde arabe en 2011 étaient, en même temps, ‘‘une grande opportunité, ainsi qu'une grave menace'' pour les Etats-unis en raison de la tourmente qui persiste dans la région. "Ce ne sera pas facile car ces pays n'ont aucune expérience de la démocratie", a-t-elle encore observé. Interrogée s'il y aurait un lien entre les attaques de Benghazi et l'assaut terroriste au complexe gazier de Tiguentourine, Mme Clinton a déclaré qu'elle n'avait "aucun moyen de le confirmer pour l'instant". Elle a, cependant, ajouté qu'il ne faisait "aucun doute" que le groupe terroriste qui avait attaqué ce site gazier avait des armes en provenance de Libye, pillées de ses arsenaux après la chute de Mouammar El Gueddafi. Il est à rappeler que le rapport du panel indépendant américain chargé d'enquêter sur les circonstances de l'attaque terroriste du consulat américain de Benghazi avait accusé le département d'Etat de négligences en matière de sécurité, en évoquant des échecs systémiques et d'erreurs de jugement de ses bureaux respectivement des affaires du Proche-Orient et de la sécurité diplomatique, d'une "mauvaise coordination" parmi les officiels ainsi que d'une approche de la sécurité "inadéquate" au moment de cette attaque.