La principale coalition de l'opposition égyptienne, le Front du salut national (FSN), s'est associée samedi aux "appels du peuple" au départ du président Mohamed Morsi et demandé que les auteurs des "crimes" commis lors des manifestations soient traduits en justice, indique un communiqué de l'opposition. Dans ce communiqué, le FSN qui s'est réuni dans l'après-midi pour examiner "sa stratégie" après les violents affrontements, selon les médias locaux, a déclaré "se ranger totalement au côté des appels du peuple égyptien et de ses forces vives à une chute" du régime et "à la fin de l'hégémonie des Frères musulmans", dont est issu le président Morsi, élu en juin 2012. Le Front, principale coalition de l'opposition, s'est réuni après une nuit de violences au Caire où des heurts entre policiers et forces de l'ordre devant le palais présidentiel ont fait un mort et des dizaines de blessés. Le FSN appelle à de nouvelles manifestations pour "défendre la dignité" des Egyptiens, sans avancer de date. Il a également réclamé une enquête "indépendante pour les crimes" perpétrés par les forces de l'ordre "afin de poursuivre en justice tous ceux qui en sont responsables. Selon le communiqué, l'opposition responsabilise notamment "le président de la République et son ministre de l'Intérieur" Mohamed Ibrahim". Les violences de vendredi se sont produites en dépit d'un engagement du pouvoir et des opposants égyptiens à prévenir la violence et à favoriser le dialogue, dans un document signé jeudi sous la houlette d'Al-Azhar, principale institution religieuse en Egypte. Le FSN a exclu de pouvoir "discuter de la question du dialogue (...) avant que l'effusion de sang cesse, que les responsables (de cette effusion) rendent des comptes et que ses revendications soient satisfaites". Le FSN, qui prône une sortie de crise passant notamment par la formation d'un "gouvernement de salut national", a en outre appelé samedi à la démission du ministre de l'Intérieur après des séquences vidéo montrant un homme battu et traîné lors de la dispersion par les forces de l'ordre vendredi soir d'une manifestation devant le palais présidentiel au Caire. "Les images horribles et déshonorantes montrant des officiers de la sécurité centrale et des policiers traînant et battant sauvagement un homme complètement nu autour du palais présidentiel doivent conduire à une démission immédiate du ministre de l'Intérieur" Mohamed Ibrahim, a dit Khaled Daoud, porte-parole du Front du salut national de l'opposition. En soirée, le ministre de l'Intérieur s'est dit "prêt à démissionner immédiatement si cela arrange le peuple". L'homme tué, Hamadah Saber Mohamed Ali, un ouvrier de 50 ans, a été "pris en chasse" par des policiers car il était "en possession de 18 cocktails Mololov et de deux bidons d'essence", a indiqué le parquet égyptien en citant les premiers éléments de l'enquête. Le ministre de l'Intérieur a indiqué que l'homme a été "déshabillé par des agitateurs" et, touché au "pied à la chevrotine", des policiers "ont tenté de le porter jusqu'au fourgon blindé même si la manière de l'avoir traîné a été entachée d'abus". La présidence de la République, tout en dénonçant "des actes de vandalisme" ayant émaillé les manifestations de vendredi, a évoqué dans un communiqué de possibles "violations des libertés civiles". "La présidence ne tolèrera pas de tels abus", affirme-t-elle, notant que "dans un incident, un individu a été vu alors qu'il était traîné et battu par la police, et le ministère de l'Intérieur a annoncé une enquête". "C'est un acte isolé", a affirmé le ministère de l'Intérieur en présentant ses "excuses" pour l'incident dans un communiqué.