Le verdict prononcé le 16 février dernier par un tribunal militaire marocain à l'encontre de 24 civils sahraouis de Gdeim Izik a suscité mercredi l'indignation chez des organisations africaines de défense des droits de l'homme et des groupes parlementaires européens. Le verdict, dont les sentences oscillent entre 20 ans de réclusion et la perpétuité, a été vivement condamné par ces organisations qui jugent "injustes" ces peines d'emprisonnement et revendiquent la libération "immédiate" et "inconditionnelle" des prisonniers politiques sahraouis. Dans un communiqué, le Forum ghanéen de solidarité avec le peuple sahraoui a demandé la "libération immédiate" des 24 prisonniers, estimant que cette condamnation est "injuste". En exprimant son soutien et sa solidarité aux prisonniers sahraouis et au Front Polisario, le Forum a également condamné "le silence de l'ONU et du Conseil de sécurité face à la violation continue des droits de l'Homme commise par les autorités marocaines à l'encontre de la population civile sahraouie". Pour sa part, la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples a exprimé, depuis Banjul (Gambie), sa "profonde préoccupation" par le procès des militants sahraouis de Gdeim Izik, car prononcé par un tribunal militaire "sans la garantie d'une procédure équitable et reconnue au niveau international". Le groupe des socialistes et démocrates au Parlement européen ont, de leur côté, souligné dans un communiqué publié à Bruxelles que le procès des 24 prisonniers politiques sahraouis était "chargé" d'irrégularités juridiques, exprimant leurs "grandes inquiétudes" au sujet des peines d'emprisonnement "très lourdes" prononcées contre ces militants sahraouis. Les eurodéputés ont rappelé que de nombreuses organisations des droits de l'Homme avaient également exprimé leurs "profondes inquiétudes" concernant les procédures judiciaires de ce procès "injuste", dont Amnesty International qui l'avait qualifié de "vicié" dès le départ. Le groupe interparlementaire pour le Sahara Occidental, créé en novembre 2012 et représenté par 20 députés, a présenté mercredi à Londres, une motion au parlement britannique demandant l'examen et la condamnation du procès des 24 prisonniers politiques sahraouis. Le groupe, présidé par le député conservateur Jeremy Corbin, a exhorté les députés britanniques à intervenir auprès du gouvernement du Maroc pour évoquer le procès des prisonniers sahraouis de Gdeim Izik qu'il juge "politiquement motivé", en vue d'annuler les peines prononcées à leur encontre. Pour sa part, le représentant du Front Polisario au Royaume-Uni, Mohamed Limam, a adressé une lettre au leader du parti Travailliste britannique, Ed Miliband, lui demandant dÆintervenir auprès du gouvernement britannique pour la libération de tous les prisonniers politiques sahraouis. M. Limam qui a demandé au parti Travailliste de soulever la question du procès des 24 prisonniers politiques sahraouis au Parlement britannique, a mis en exergue dans son message les irrégularités juridiques du procès constatées par de nombreux observateurs indépendants et internationaux sur place. Dans une allocution prononcée au camp de réfugiés sahraouis de Smara à l'occasion des festivités du 37e anniversaire de la proclamation de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), le président sahraoui, M. Mohamed Abdelaziz, a estimé que le procès militaire des 24 civils sahraouis de Gdeim Izik était "une nouvelle victoire pour la cause sahraouie". Le président sahraoui a réitéré avec force sa condamnation de ce procès qui a, selon ses propos, "manqué totalement d'éléments fondamentaux de la légalité et des conditions d'un procès juste de l'avis de nombreux observateurs internationaux et organisations internationales compétentes". Le procès des 24 mis en cause dans les évènements du camp de Gdeim Izik, proche d'Al-Ayoun dans le Sahara occidental occupé, avait débuté le 1er février dernier, 27 mois après leur arrestation et leur emprisonnement. Environ 40.000 Sahraouis avaient installé, à l'automne 2010, à Gdeim Izik, un camp de quelque 3.000 tentes et y avaient élu domicile pour défendre leurs droits politiques, économiques et sociaux, avant d'en être délogés par les forces marocaines. Les prisonniers étaient notamment accusés d' "atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l'Etat, formation d'une bande criminelle et atteinte aux fonctionnaires publics dans le cadre de l'exercice de leur fonction".