La résistance, dans ses aspects sociaux et culturels des populations des Oasis contre l'occupation française, a été au centre d'une rencontre organisée mercredi à Ouargla dans le cadre du 51ème anniversaire des manifestations populaires du 27 février 1962 dans la région de Ouargla. Organisée par l'association éponyme, cette rencontre a mis en exergue, au travers des communications ayant trait à ces manifestations historiques, l'expression claire du rejet des populations de Ouargla des desseins de la France coloniale visant la séparation du Sahara du reste du pays. M. Redouane Chafou, du centre universitaire d'El Oued, a souligné dans son exposé que les soulèvements populaires du 27 février 1962 à Ouargla constituent une réponse claire aux velléités de la France coloniale de séparer le Sahara algérien du reste du territoire nationale. "La sortie des jeunes, nourris de patriotisme et d'un niveau culturel acquis dans des écoles coraniques, zaouïas et dans d'autres structures relevant de l'association des Oulémas musulmans algériens, a été une véritable secousse qui a ébranlé les plans de la France coloniale", a indiqué l'intervenant. M. Chafou a également mis en exergue le rôle du théâtre algérien, à l'instar de la troupe de Biskra avec sa pièce "Fi Sabil Tadj" (pour la couronne), dans la sensibilisation et la mobilisation de la population et la prise de conscience du peuple algérien à l'égard des visées coloniales. L'universitaire de Ghardaïa, Lakhdar Aouarib, a soutenu que "le plan colonial de séparation du Sud a commencé en fait à prendre forme en 1957 avec la création par la France coloniale, de deux départements sahariens : la Saoura et les Oasis". "Les populations du Sahara ont, par conscience et par fidélité à la Révolution du 1er novembre 1954, catégoriquement rejeté et mis en échec le plan ourdi contre l'intégrité du territoire de l'Algérie et l'unité de son peuple, à travers une contre-propagande démentant les allégations de la France coloniale et mettant à nu ses véritables intentions concernant le Sahara algérien", a-t-il expliqué. Le Moudjahid Abdelkader Touahir, témoin vivant ayant pris part aux manifestations du 27 février 1962, a retracé succinctement la préparation de cet évènement historique qui a "faussé les calculs de la délégation française qui séjournait alors à Ouargla pour sonder l'opinion locale et la convaincre de son plan de séparation." Cependant, a-t-il témoigné, la population qui est sortie dans la rue pour rejeter ce plan, a bravé les forces coloniales qui n'ont pas hésité à recourir à la force et à la terreur pour réprimer ces manifestations, faisant plusieurs martyrs, à leur tête Chetti Loukal, et de nombreux blessés parmi la population locale, raconte M. Touahir. La commémoration du 51ème anniversaire de ces manifestations a été marquée par l'organisation d'une réception en l'honneur de la famille du premier Chahid de ce soulèvement populaire, en l'occurrence Chetti Loukal, ainsi qu'en l'honneur des moudjahidine de la région, et des lauréats des concours initiés à cette occasion. La commémoration a donné lieu également à une cérémonie de recueillement au pied de la stèle commémorative de Ouargla, à la mémoire des glorieux Chouhada, en plus de l'organisation, à la maison de la culture Moufdi Zakaria, d'une exposition de photographies et de documents historiques concernant la région.