Un nouveau gouvernement d'union nationale en Centrafrique a été désigné dimanche par le Premier ministre Nicolas Tiangaye, plus d'une semaine après la prise de la capitale Bangui par la coalition rebelle Séléka, qui a annoncé sa volonté de "remettra le pouvoir" en 2016, au terme d'une période de transition de trois ans. Formé après le renversement le 24 mars du président François Bozizé, ce nouveau gouvernement, chargée de préparer des élections d'ici trois ans, est composé de 34 membres, dont ceux issus de la rébellion, ainsi que d'anciens opposants et des représentants de la société civile. Neuf ministres sont issus du Séléka au pouvoir depuis une semaine, huit issus de l'ancienne opposition et un ex-proche du président déchu François Bozizé. Les 16 autres membres proviennent de la société civile et de différentes formations politiques. Parmi les personnalités du Séléka, se retrouvent aux postes clé : Gontran Djono au Pétrole, Nourendine Adam, chef de la rébellion de la Convention des patriotes pour la justice et la Paix (CPJP) à la Sécurité, Mohamed Moussa Dhaffane aux Eaux et forêts, ainsi que Christophe Gazam Betty à la Communication. Le président autoproclamé Michel Djotodia, chef de la coalition rebelle du Séléka, assumera également la charge de ministre de la Défense. Quant au poste de ministre de l'Equipement et porte-parole du gouvernement revient à un membre de l'ancienne opposition démocratique, Crépin Mboli Gonda. Le Premier ministre sortant, lui-même issu de l'opposition, a été reconduit mercredi dans ses fonctions par Michel Djotodia. Il avait promis que toutes les tendances de la vie politique seraient représentées dans son nouveau gouvernement, comme le prévoyaient l'accord signé en janvier à Libreville entre pouvoir, opposition et rébellion. Les rebelles disposés à quitter le pouvoir en 2016 Le président Djotodia, a affirmé à la veille de l'annonce de la formation du gouvernement, qu'il "remettra le pouvoir" en 2016, au terme d'une période de transition de trois ans, comme prévu par les accords de Libreville. Lors d'un discours public à Bangui, Michel Djotodia s'est engagé à "bien gérer la Centrafrique pendant les trois ans à venir". "Nous allons remettre le pouvoir à celui qui viendra nous succéder", a-t-il souligné. Après une première offensive de la rébellion en décembre dernier, un accord de paix avait été signé le 11 janvier à Libreville entre le pouvoir, la rébellion et l'opposition prévoyant la formation d'un gouvernement d'union nationale. Selon cet accord, les hommes qui conduisent la transition du pays ne peuvent se présenter au scrutin présidentiel de 2016. Annonçant la suspension de la Constitution et la dissolution de l'Assemblée nationale, le nouvel homme fort en Centrafrique a précisé qu'il allait "légiférer par ordonnances". Il a également lancé "un appel patriotique et fraternel à tous ceux qui ont pris le chemin de l'exil de revenir au pays. Il n'y aura pas de chasse aux sorcières car nous devons ériger la tolérance, le pardon et le dialogue en méthode de gestion des affaires de l'Etat", a-t-il martelé. Insécurité à Bangui, l'activité économique tarde à reprendre Plus d'une semaine après la prise de la capitale par les rebelles du Séléka, la ville tarde à reprendre son cours normal et l'insécurité règne toujours dans les quartiers de la métropole centrafricaine. Le nouveau gouvernement a promis une "reprise de l'activité administrative et économique" mardi. En dépit de l'engagement des nouvelles autorités, l'anarchie hante toujours plusieurs quartiers, où des pillages ont été signalés. Vendredi, la Croix-Rouge locale a annoncé que près de 80 corps ont été retrouvés dans les rues de la capitale depuis sa prise le 24 mars par la coalition rebelle. Jeudi, le Comité international de la Croix rouge (CICR) avait déploré une situation "catastrophique" dans les hôpitaux de Bangui. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) avait pour sa part fait état d'une aggravation de la situation humanitaire déjà difficile en Centrafrique. L'insécurité régnante dans le pays entrave, selon l'OCHA, "les efforts humanitaires et l'acheminement de l'assistance et notamment de l'aide médicale".