La situation est tendue dans la capitale centrafricaine Bangui où les rebelles de la coalition Séléka ont annoncé dimanche avoir pris le contrôle du palais présidentiel, une information confirmée par une source militaire. Par la voix d'un de leurs chefs, le colonel Djouma Narkoyo, les rebelles Séléka ont annoncé s'être emparés du palais présidentiel au terme d'une offensive éclair. Le président François "Bozizé n'y était pas. Maintenant, nous allons nous rendre à la radio (nationale) pour que le président du Séléka (Michel Djotodia) prenne la parole", a déclaré le colonel Narkoyo qui avait averti auparavant que la journée de dimanche "sera décisive". La prise de la présidence a été confirmée par une source militaire qui a souligné qu'il y avait encore "des poches de résistance dans la ville" mais que le "rapport de force était clairement en faveur des rebelles". Après avoir repris les hostilités vendredi dernier en s'emparant de la ville de Damara, située à 75km de la capitale, les rebelles de la coalition Séléka ont annoncé samedi soir leur entrée dans Bangui, demandant aux Forces armées centrafricaines (Faca) de ne pas combattre et au président Bozizé de quitter le pouvoir. La reprise des hostilités est intervenue après l'expiration de l'ultimatum de la rébellion Séléka dans lequel elle demandait au gouvernement le respect des accords de Libreville de janvier avec notamment la libération des prisonniers ou le départ des troupes étrangères. Les rebelles accusent le chef de l'Etat, au pouvoir depuis 2003, de ne pas avoir respecté des accords conclus à Libreville, au Gabon, après une première offensive qui avait permis à la Séléka de prendre le contrôle de la majeure partie de la Centrafrique en quelques semaines. La rébellion réclame aussi l'intégration de ses membres au sein de l'armée, ce qui n'était pas dans l'accord de paix qui prévoit notamment que le président Bozizé reste au pouvoir jusqu'à l'expiration de son mandat en 2016. Le gouvernement appelle le Séléka à négocier- Pour éviter un "bain de sang", le Premier ministre centrafricain Nicolas Tiangaye avait lancé samedi aux rebelles un ultime appel à négocier. "Le Premier ministre demande à nos frères de la Séléka de se mettre en rapport avec le gouvernement d'union nationale pour trouver une solution pacifique", avait déclaré le porte-parole du gouvernement, Crépin Mboli Goumba. Il avait souligné que les Nations unies, le département d'Etat américain et le président tchadien Idriss Deby, avaient réaffirmé leur soutien au gouvernement d'union et aux accords signés le 11 janvier à Libreville entre pouvoir, rebelles et opposition politique. Cependant, les rebelles ont déclaré ne plus vouloir discuter avec le président Bozizé. Ils ont déclaré vouloir mettre en place un "gouvernement de transition". "Nous mettrons en place un gouvernement de transition. Notre chef reste Michel Djotodia", a déclaré le colonel Narkoyo. La rébellion avait retenu M. Djotodia, chef politique du Séléka et vice-Premier ministre du gouvernement d'union nationale ainsi que quatre autres ministres issus de ses rangs dimanche à Sibut, à 160 km de Bangui où ils étaient allés rencontrer les rebelles. On ignore actuellement où se trouvent les ministres. Toutefois, un des chefs des rebelles a souligné que la Séléka était prête à négocier avec la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale."Si les chefs d'Etat de la CEEAC le demandent nous sommes prêts à les rencontrer et discuter", a-t-il dit. Appel à une réunion d'urgence du Conseil onusien- Face à la détérioration de la situation en Centrafrique, la France a demandé "samedi une réunion d'urgence du Conseil de sécurité des Nations unies", a annoncé un porte-parole diplomatique à la présidence française, Romain Nadal. Le porte-parole a ajouté que Paris demandait à ses ressortissants de "rester chez eux", une évacuation n'étant pas "pour le moment" ordonnée. Préoccupé par les développements en Centrafrique, le Tchad dont des forces sont présentes en Centrafrique, a, pour sa part, averti sur la radio française RFI "ne pas pouvoir accepter" une prise du pouvoir par les armes ni la remise en cause du gouvernement actuel. "Il faudra arriver à une solution sans verser du sang", a déclaré le président tchadien Idriss Deby itno.