Le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, a estimé, mardi à Alger, que la grève observée par les boulangers "n'est pas justifiée", qualifiant la décision prise par ces derniers d' "irréfléchie" et d'"irresponsable". "Cette grève n'est pas justifiée d'autant plus que nous n'avons pas fermé les portes du dialogue. Au contraire, le gouvernement a même déclaré que certaines de leurs revendications sont raisonnables", a-t-il déclaré en marge d'une séance plénière de l'Assemblée populaire nationale (APN), consacrée à la présentation du projet de loi sur les conditions d'exercice des activités commerciales. Appelant les grévistes à "assumer leur responsabilité vis-à-vis de la population", le ministre a qualifié l'appel à la grève lancé par des boulangers pour mardi "d'acte "irresponsable" et de "décision irréfléchie". M. Benbada a rappelé dans ce sens que la commission mixte installée en mars dernier au siège du ministère du Commerce pour évaluer le coût réel de la baguette de pain "communiquera ses conclusions mercredi". La Commission, composée d'un représentant des ministères du Commerce, des Finances, de l'Union nationale des boulangers (UNB), de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) et du groupe industriel Eriad (Entreprise des industries alimentaires, céréalières et dérivés), effectue des visites aux boulangeries des wilayas du nord, de l'est, du sud et de l'ouest du pays pour évaluer le coût réel de la baguette de pain. C'est suite aux revendications des boulangers pour augmenter le prix du pain que cette commission a été mise sur pied, rappelle-t-on. La détermination du coût réel de la baguette de pain sera suivie, selon le ministre, par des démarches devant répondre aux revendications des boulangers et ainsi améliorer leurs revenus, sans augmenter le prix du pain, Selon le ministre, des solutions ont été avancées et portent essentiellement sur une éventuelle diminution du poids de la baguette de pain, la subvention des autres matières entrant dans la fabrication du pain, mais a écarté une nouvelle subvention du prix de la farine, car une telle mesure "pèsera lourdement sur le budget de l'Etat", a-t-il dit. Ecartant l'éventualité d'une hausse du prix du pain, le ministre a reconnu toutefois que la marge bénéficiaire des boulangers qui ne font que du pain, "s'est érodée". Néanmoins, a-t-il poursuivi, "certaines de leurs doléances ont été prises en charge par les pouvoirs publics", citant la réduction des taxes fiscales qui sont passées de 12 à 5%, la suppression de la taxe sur l'environnement qui était de 9.000 DA par an et surtout les facilitations bancaires accordées aux boulangeries pour l'acquisition d'un groupe électrogène. Les boulangers qui se plaignent, depuis quelque temps, de difficultés financières, revendiquent une hausse du prix du pain et améliorer la marge bénéficiaire pour atteindre les 20% au lieu des 2 et 3% actuels et la réduction des taxes fiscales. Youcef Kalafat, président de l'Uinon Nationale des Boulangers (relevant de l'Union générale des commerçants et artisans algériens, UGCAA), affirme que "les boulangers ne veulent pas augmenter le prix du pain, mais réclament la satisfaction de leur principale revendication qui est de fixer la marge bénéficiaire à pas moins de 20% sur le prix de revient". Le prix du pain, produit subventionné à la base par l'Etat, n'a pas connu de hausse depuis 1996, alors que le coût des autres inputs a depuis augmenté. Le prix d'un pain ordinaire est toujours fixé à 7,5 DA et celui amélioré à 8,5 DA. En pratique, la baguette de pain est cédée généralement à 8 dinars et plus chez les boulangers.