La qualité de poète et la dimension humaniste de la personnalité de l'Emir Abdelkader ont été de nouveau mises en exergue mardi à Alger lors d'une rencontre périodique de la Fondation Emir Abdelkader, animée par le professeur Labri Noureddine. Relevant que le fondateur de l'Etat algérien moderne était un "homme d'arme et de plume", le professeur en littérature et langue arabe Labri Noureddine a choisi de mettre en avant, dans son intervention, la qualité de poète de l'Emir. Egalement à la tête de la section de Tipasa de la Fondation, l'intervenant a rappelé l'immense "érudition" littéraire caractéristique du personnage qui s'est, par ailleurs, distingué par son talent de "brillant poète", dira-t-il. En plus d'être poète, l'Emir Abdelakader a été un mystique qui contribua "largement" par sa pensée religieuse "progressiste" à la réflexion religieuse dans le monde arabo-musulman, voire au-delà, ajoute M. Labri. L'enseignant rappellera, en outre, que l'illustre homme d'Etat doit son initiation au mysticisme à son père, mais surtout au plus grand maître de la pensée soufie, Ibn Aarabi, et de son disciple Sidi Boumediene Chouaib, originaire de Tlemcen. L'Emir Abdelkader, poursuit ce professeur, a suscité l'admiration et imposé la reconnaissance de ses adversaires "avant celles de ses adeptes" pour avoir, entre autres, sauvé d'une mort certaine pas moins de 12.000 chrétiens à Damas. "Il était profondément attaché aux droits humains, d'où la reconnaissance du monde occidental pour la profondeur de ce personnage", dira le conférencier citant, entre autres, la stèle érigée en son honneur dans la capitale mexicaine Mexico. Abordant également les dimensions humanistes et universalistes qui faisait la force de l'Emir, l'enseignant à l'Ecole nationale supérieure de journalisme (ENSJ), Slimane Benaziez, est revenu sur les motivations à l'origine de la décision de reddition prise par l'Emir. Réfutant les "allégations" portées à son encontre à propos de sa reddition motivée, selon les détracteurs de l'Emir, par un "rapprochement" avec le colonisateur français, l'intervenant souligne que c'est "par humanisme" que l'Emir a décidé de mettre fin à un combat de 17 ans pour éviter le "génocide" de la population algérienne. Le nombre des Algériens est passé de 8 millions et demi avant 1872 à 2,1 millions d'habitants à peine, rappelle-t-il, avant de relever que des tribus entières avaient été ainsi "décimées" durant cette insurrection. "Si l'Emir n'avait pas pris cette décision, l'histoire lui aurait reproché un génocide à l'image de celui qui a failli exterminer les Indiens d'Amérique", argumentera-t-il.