Tous les habitants de la ville d'Ain Fakroun (Oum El Bouaghi), qu'ils soient férus du ballon rond ou éloignés des choses du football, n'en finissent pas de savourer, depuis mardi dernier, l'accession de leur équipe en ligue 1. Dès la fin de la rencontre remportée mardi dernier devant le MSP Batna (2-1), consacrant cette accession historique obtenue 65 ans après la création du ce club, la ville était en liesse, d'aucuns parmi les "anciens" n'en croyant ni leurs yeux ni leurs oreilles. Le CRB Ain Fakroun parmi l'élite : un rêve inaccessible il y a seulement quelques années devenu réalité. Pour cette équipe, tout avait commencé en 2009 lorsqu'elle décroche le titre de champion régional, synonyme d'accession en division inter-régions. Le Chabab d'Ain Fakroun, semblant faire sien l'adage selon lequel "l'appétit vient en mangeant", se met à brûler les étapes, parvenant en trois saisons seulement à atteindre l'antichambre de l'élite nationale. Refusant de s'arrêter en si bon chemin, l'équipe chère au président Hacene Bekkouche réussit un parcours exceptionnel en ligue 2, suscitant de l'admiration mais aussi de l'étonnement, en damant le pion à des équipes théoriquement plus huppées à l'image de l'AS Khroub, du MO Constantine, de l'USM Blida, de l'USM Annaba ou encore du MC Saïda qui ont tous connu l'élite. Si au bout de ce parcours pour le moins extraordinaire le mérite est partagé par toute la famille du CRBAF, dirigeants, joueurs et supporters, le rôle prépondérant de l'entraîneur, Nabil Neghiz, qui a su tirer le maximum de ses poulains, et unanimement salué à Ain Fakroun. Neghiz, travailleur de l'ombre, toujours en retrait des feux de la rampe, a su construire un "bloc" compact, solidaire et û ce qui ne gâte rien û talentueux, se montrant à la hauteur des attentes et des aspirations des dirigeants et des supporters. "Réussir 15 matches d'affilée sans concéder de défaite, de surcroît pour des joueurs contraints d'évoluer loin de leurs bases (le CRBAF reçoit ses adversaires à M'lila, le stade d'Ain Fakroun faisant l'objet de travaux d'extension, ndlr) est significatif de l'esprit qui anime mon équipe", indique Neghiz à l'APS, dissimulant mal une bien légitime fierté. Le coach conclut en affirmant qu'il n'a jamais vécu durant toute sa carrière de technicien une aventure aussi belle et aussi exaltante que celle qu'il vient de connaître. "Mais le plus difficile reste à venir", tempère-t-il cependant. La joie ambiante à Ain Fakroun est bien résumée par le "vieux routier" de l'équipe, Ahmed Kabri, pour qui "terminer une carrière après avoir participé à une accession historique, cela n'a pas de prix". Les deux autres artisans de cet exploit, en l'occurrence le président du club Hacene Bekkouche et le gérant de la SSPA (Ifkar Sports), El Madani Bougadi, sont évidemment les plus heureux des hommes, même s'ils veulent rester modestes. Interrogés tous deux sur le sentiment que leur procure l'accession du CRBAF, ils font part de leur "indicible bonheur" mais n'omettent pas de saluer l'ensemble des actionnaires de la SSPA et les autorités (wilaya, direction de la Jeunesse et des sports, commune) pour "l'aide précieuse apportée au club". Leur seul souhait est de voir les travaux en cours au stade de leur ville s'achever avant le début de la saison prochaine pour, disent-ils, permettre aux supporters de "compléter leur rêve en accueillant, chez eux, des équipes comme l'Entente de Sétif, le MC Alger, la JS Kabylie ou le CR Belouizdad". Pour l'heure, les fans du CRBAF continuent de se délecter du triomphe de leur équipe favorite en "habillant" la ville d'Ain Fakroun, de banderoles en noir et blanc, couleurs du club.