"Le rêve s'est enfin réalisé. Le tramway est devenu une réalité", s'est exclamé Houari, en accédant, jeudi, pour la première fois, à une rame de tramway, au lendemain de l'inauguration à Oran de la première ligne de ce moyen de transport moderne par le ministre du Transport, M.Amar Tou. Le tramway tant attendu roule désormais pour desservir plusieurs quartiers d'Oran, en attendant l'extension de la ligne vers l'aéroport d'Es-Senia et le pôle universitaire de Belgaïd, aux deux extrémités de la ville. "Nous avons longtemps souffert des désagréments causés par les travaux du tramway depuis 2009. Finalement, nous nous rendons compte aujourd'hui que les attentes ont donné les résultats escomptés", estime un habitant de la cité populeuse de l'USTO, qui a vu au fil des mois, le chantier du tramway évoluer et prendre forme. Les Oranais gardent toujours en mémoire les travaux interminables de ce gigantesque chantier, les rues fermées, les voies détournées et les énormes bouchons qui ont constitué une véritable hantise pour les usagers de la route. "Durant les travaux du chantier, circuler en voiture dans certains quartiers d'Oran était pratiquement un véritable enfer. Souvent, j'ai préféré la marche à pied pour régler mes affaires courantes plutôt que d'emprunter la voiture", se rappelle Ahmed. Les oranais ont suivi avec curiosité les différentes étapes expérimentales de la mise en marche de ce mode de transport. Jusqu'au 30 avril dernier, le tramway circulait à vide. Depuis ce jeudi, sa mise en service commerciale est devenue effective. A la station des trois cliniques, les premiers usagers attendent impatiemment l'arrivée de la rame devant les transporter jusqu'à la place du 1er novembre, au centre-ville d'Oran. La rame venant de la gare routière de Sidi Maarouf est pratiquement pleine. Les 72 places assises sont toutes occupées. " J'emprunte pour la première fois ce mode de transport pour aller au centre-ville. Je compte l'adopter car, prendre le bus est un vrai calvaire, non seulement pour les énormes bouchons le long du travail mais également des très mauvaises conditions dans lesquelles nous voyageons", explique Samira, employée dans une agence d'assurances. Nombreux sont les Oranais qui attendent à ce que le tramway "révolutionne" le secteur des transports à Oran, en imposant de nouvelles conduites et de nouveaux comportements de la part des usagers. Cela a été le cas, il y a quelques années avec la création de l'entreprise des transports publics "ETO". Les usagers ont très vite adopté les bus "bleu et blanc" de l'entreprise pour leur ponctualité, leur confort et le sérieux de leurs agents. Déjà, à la direction de wilaya concernée, on apporte les dernières retouches au nouveau plan de transport devant intégrer la nouvelle donne que représente le tramway. A la Setram, la société chargée de l'exploitation et de la maintenance des tramways en Algérie, née d'un accord entre l'ETUSA, l'Entreprise de métro d'Alger et le groupe français RATP, les responsables se sont fixés comme objectifs "de porter l'Algérie vers un nouveau mode de transport urbain accessible à tous", "d'offrir un service de transport de haute qualité où sécurité, confort, régularité et propreté sont maîtres à bord" et " d'accompagner les Oranais dans la phase d'adaptation à ce nouveau moyen de transport et l'ancrer dans leurs habitudes de déplacement". Pour l'heure, ce sont 30 rames qui sont mises en service avec une capacité de transport de 325 passagers chacune (72 places assises et 253 debout). Les objectifs fixés par la Setram est d'assurer le transport de 88, 5 millions de passagers annuellement soit 90.000 passagers quotidiennement, sur une ligne longue de 18,7 km. Durant ce week-end, nombreuses seront les personnes à emprunter par "curiosité" ou pour découvrir le tramway. "Samedi, je voyagerai pour mon propre plaisir et celui de mes enfants sur toute la ligne du tramway, de Sidi Maarouf à Es-Senia. Juste pour découvrir ma ville et ses quartiers qu'on n'a pas l'occasion de voir à partir d'un bus, entassés que nous sommes habituellement comme dans une boite de sardines", promet Salima, une mère de famille, rencontrée près de la station de Medina Djedida.