Des affrontements inter-libyens ont fait 31 morts et plus de cent blessés à Benghazi dans l'est de la Libye aggravant la situation d'instabilité dans ce pays, en dépit des efforts des nouvelles autorités qui ont appelé dimanche à la retenue et à éviter les dérapages. Benghazi, a une nouvelle fois, connu des affrontements entre une brigade d'ex-rebelles et des manifestants, faisant pas moins de 31 morts et plus de cent blessés, selon un dernier bilan rapporté dimanche par l'agence officielle Lana. L'agence a indiqué que des dizaines de manifestants "anti-milices", dont certains armés, ont tenté samedi de déloger la brigade "Bouclier de Libye" de sa caserne, provoquant un affrontement entre les deux groupes qui ont fait usage d'armes de différents calibres. Les protestataires veulent que les forces régulières prennent le relais et remplacent la brigade "Bouclier de Libye", formée d'anciens rebelles ayant combattu l'ancien régime en 2011 et qui relève formellement du ministère de la Défense ayant régulièrement recours à ces ex-rebelles pour sécuriser les frontières ou s'interposer dans des conflits tribaux. Tout en appelant toutes les parties à la retenue, le Premier ministre libyen Ali Zeidan est intervenu dans la nuit de samedi à dimanche à la télévision pour annoncer qu'il accédait à l'exigence des manifestants. "Bouclier de Libye a quitté sa caserne et l'armée régulière a pris possession des lieux et des armes lourdes qui s'y trouvaient", a annoncé M. Zeidan soulignant qu'une enquête a été diligentée pour déterminer les responsabilités. En outre, le parlement libyen a appelé dans un communiqué publié dimanche toutes les parties libyennes à sauvegarder les intérêts nationaux. Le Parlement a exhorté "toutes les forces politiques, ainsi que la société civile à faire prévaloir le dialogue afin d'éviter tous dérapages". Le nouveau pouvoir en Libye peine toujours à désarmer, voire dissoudre les groupes d'ex-rebelles qui font la loi dans le pays et tente de légitimer certains d'entre eux malgré l'opposition d'une grande partie de la population. Ce qui a pour effet de fragiliser le gouvernement libyen pour lequel l'Etat nigérien a appelé la communauté internationale à l'aider et le soutenir dans sa quête de stabilisation. Après deux attentats suicide dans le nord du Niger perpétrés, selon Niamey, par des terroristes venus du Sud libyen (attentats du 23 mai), le ministère des Affaires étrangères nigérien a, dans un communiqué publié par le quotidien d'Etat Le Sahel, disculpé "les autorités soeurs de Libye, loin de vouloir les accabler (...)". Mais, le Niger a indiqué que "la tâche qui incombe à la communauté internationale est d'aider un pays frère à faire face à une situation qui constitue une menace réelle pour sa propre stabilité présente et future ainsi que celle de ses voisins", selon la même source. Les relations entre les deux pays frontaliers ont connu un accès de tension après les deux attaques suicide, revendiquées par des groupes terroristes, qui ont fait une vingtaine de morts dans le nord du Niger. Le président nigérien Mahamadou Issoufou avait affirmé que les assaillants venaient du Sud libyen et qu'ils préparaient parallèlement une "attaque" contre le Tchad. Pour sa part, le président tchadien a fait un diagnostic sans équivoque sur la Libye, lors d'un entretien accordé au journal français Le Figaro, publié samedi. "La Libye est au bord de l'explosion. Je n'ai pas du tout la solution mais on ne peut pas regarder cette situation, la laisser évoluer et nous exploser à la figure. La communauté internationale doit aider les autorités légitimes de la Libye", a déclaré M. Déby au journal, soulignant que ce pays voisin servait de base au terrorisme international. Le Premier ministre libyen Ali Zeidan a récusé des "allégations sans fondements", mais néanmoins, la Libye a annoncé une série de mesures pour renforcer la sécurité dans les régions du sud du pays et sur les frontières. "Les autorités nigériennes savent que la Libye est dans un processus révolutionnaire en voie de stabilisation et que pour cette raison l'Etat n'a pas encore pu réaliser la plénitude de son contrôle sur l'ensemble de son vaste territoire", a ajouté le ministère nigérien des Affaires étrangères. Des experts et des diplomates occidentaux estiment que le Sud libyen est devenu ces derniers mois l'un des sanctuaires où se sont reconstituées les cellules terroristes après que les terroristes armés eurent été délogés du nord du Mali.