L'armée libanaise a promis lundi de frapper "d'une main de fer" après la mort de douze de ses soldats dans des affrontements la veille à Abra dans la banlieue est de Saida, grande ville portuaire du sud du Liban frappé par des tensions croissantes liées au conflit en Syrie voisine. Les douze soldats de l'armée ont été tués dimanche dans des combats qui se poursuivaient lundi entre l'armée et des hommes armés dans cette banlieue de Saïda. Selon des sources hospitalières, au moins 50 personnes, en majorité des civils, ont été également blessées. L'armée a prévenu, dans un communiqué, qu'elle "frappera d'une main de fer tous ceux qui ont voulu répandre le sang de l'armée" et "poursuivra sa mission visant à écraser la dissension à Saïda et ailleurs". "L'armée a tenté pendant des mois d'éloigner le Liban des évènements en Syrie et a ignoré à plusieurs reprises les appels politiques à en finir" avec ces violences, a affirmé l'armée dans son communiqué relayé par les médias. Ces violences ont "dépassé tout ce qu'on pouvait imaginer. L'armée a été visée de sang-froid et dans le but de mettre le feu aux poudres à Saïda (...) et faire entrer le Liban de nouveau dans un cycle de violences", a-t-elle poursuivi. Il s'agit de l'incident le plus grave au Liban depuis le début du conflit syrien, qui divise profondément le pays entre partisans et opposants du gouvernement syrien. Le Liban, secoué depuis deux ans par une série d'incidents parfois meurtriers notamment à sa frontière avec la Syrie, "se trouve devant un test décisif", écrivait la presse libanaise lundi, évoquant le spectre d'une nouvelle guerre civile après celle qui avait dévasté le pays entre 1975-1990. Poursuite des violences à Abra Les violences se poursuivaient lundi dans la banlieue de Saïda. "Les combats étaient violents au cours de la nuit à Abra", et l'armée combattait lundi "à quelques mètres d'une mosquée de la ville", a indiqué l'Agence nationale d'information libanaise (ANI). Les habitants à Abra ont lancé un appel aux forces de l'ordre pour les aider à quitter la zone de combat, selon l'ANI. Ils fuyaient les environs, en voiture ou à pied, avec quelques affaires emportées à la hâte, alors que les magasins ont fermé à Adra et dans les quartiers de Saïda proches, tandis que des renforts militaires se déployaient. Le ministre de l'Education Hassan Diab a annoncé le report des examens officiels prévus lundi dans la région de Saïda "à cause de la dégradation de la situation sécuritaire, précisant que cela concerne 3.747 élèves. Les combats se sont par ailleurs propagés dès dimanche à Aïn Héloué, le plus grand des camps de réfugiés palestiniens au Liban, à l'entrée de Saïda. Une source de sécurité a affirmé à des médias que deux groupes du camp, Joun el-Cham et Fatah al-Islam se sont engagés dans des heurts avec le barrage de l'armée posté à l'extérieur. Déjà mardi, l'armée libanaise s'était déployée près de Saïda suite à des affrontements interconfessionnels dans la région. "Des unités de l'armée libanaise se déploient actuellement à Abra et dans ses environs, dans l'est de Saïda", selon l'agence de presse libanaise. La nouvelle vague de violence date de jeudi Jeudi, une personne a été tuée dans un échange de tirs entre l'armée et des manifestants qui ont coupé des routes dans l'est du Liban et près de Masnaa, poste-frontière avec la Syrie, selon un responsable de sécurité. Les manifestations ont été organisées pour protester contre le "siège d'Aarsal", localité de l'est du Liban, par les habitants de la région. Cet incident intervient cinq jours après la mort trois personnes, tuées par des hommes armés dans une région proche d'Aarsal. Une source de sécurité avait indiqué que des affrontements s'étaient produits à Saida entre hommes armés fidèles au cheikh Ahmed al-Assir et des personnes soutenant le mouvement libanais Hezbollah, qui combat en Syrie. "Des hommes fidèles au cheikh Ahmed al-Assir ont ouvert le feu à Abra", une banlieue de Saïda, a expliqué la source de sécurité. Ahmed al-Assir s'est fait connaître par ses critiques du gouvernement syrien et du mouvement Hezbollah. Face à ces tensions, le président libanais Michel Slimane a appelé dimanche les ministres et les responsables de sécurité concernés à entamer une réunion ce lundi dans le palais républicain pour discuter "la situation sécuritaire au Liban". M. Slimane avait évoqué avec le ministre de l'intérieur au gouvernement Marwan Cherbel et le chef de l'armée, Jean Qahwadji, les affrontements qui ont encore lieu dans la banlieue de Saida. Il avait assuré que l'armée et la population restaient opposées à ces tensions. Le Liban, profondément divisé entre partisans et opposants du gouvernement syrien, subit de plein fouet les répercussions du conflit qui dure depuis deux ans en Syrie voisine. Beyrouth prône officiellement une politique de neutralité face au conflit syrien.