Sur fond du conflit syrien, la « poudrière » libanaise risque d'exploser à tout moment. Trois personnes ont été tuées et sept autres blessées dont un dirigeant local du Hezbollah, dimanche à Saïda, dans le sud du Liban, lors d'affrontements armés entre partisans du mouvement chiite et ceux d'un dignitaire radical sunnite, Ahmed Assir, connu pour son animosité au parti de Nasrallah dont il a publiquement appelé au désarmement. Le cheïkh compte aussi parmi les redoutables opposants libanais au régime syrien de Bachar al Assad, allié du Hezbollah. Les accrochages ont éclaté lorsque le cheïkh Assir avait demandé aux hommes du Hezbollah d'enlever toutes les affiches faisant la promotion de leur mouvement. Ce à quoi ces derniers s'étaient refusé. Les partisans du vieux sunnite avaient alors déchiré un portrait de Hassan Nasrallah, déclenchant ainsi de violents affrontements. Craignant l'escalade, les autorités ont très vite et fermement réagi. « A partir d'aujourd'hui, il n'y aura pas de compromis concernant la sécurité. L'armée ouvrira le feu sur n'importe qui portant une arme », a déclaré le ministre de l'Intérieur, Marwan Charbel, lors d'une réunion d'urgence avec les responsables de la sécurité à Saïda. Le ministre a, pour la première fois, demandé aux services de sécurité d'étudier la possibilité d'établir une zone militaire à Saïda. Une proposition qu'il soumettra lors de la prochaine réunion du gouvernement parce qu'elle exige « une décision politique du conseil des ministres ». Le Premier ministre Nadjib Mikati a, lui, appelé les Libanais à « rester calmes et à faire preuve de retenue en ce moment critique et délicat », en demandant à l'armée et aux services de sécurité de « prendre des mesures rapides pour ramener la situation sous contrôle, et d'arrêter les responsables de cette flambée de violence ». Néanmoins, des sources de sécurité, citées par le quotidien As Safir, ont indiqué que l'état d'urgence pourrait être décrété dans cette grande ville portuaire du sud. L'opposition du 14 Mars a bondi sur l'incident, accusant le Premier ministre de « faire preuve de complaisance à l'égard du Hezbollah » qui s'est gardé, jusqu'ici, de toute déclaration publique. Amine Gemayel, le chef du parti Kataëb, prend à contre-pied certains dirigeants de l'alliance du 14 Mars dont il est l'un des piliers. Il appelle au dialogue. « Tout politicien au Liban commettrait une grave erreur en rejetant le dialogue », dit-il, plaidant pour un « cabinet de salut national ».