La justice égyptienne a mis le président déchu Mohamed Morsi en détention préventive pour complicité présumée avec le Hamas début 2011, au moment où la rue se prépare au pire en ce vendredi de prière. Les Egyptiens, des deux camps, commençaient à se rassembler pour des manifestations rivales à l'appel de l'armée et des Frères musulmans, décidés, selon les observateurs, à compter voire confronter leurs forces et ce sur fond de décision de justice qui "augure du pire". Les autorités ont certes renforcé la sécurité au Caire et à travers le reste du pays, mais ceci n'avait pas empêché la mort de 200 personnes depuis un mois, début de la crise. Les manifestants du camps des défenseurs de la "légitimé constitutionnelle" doivent entamer leur fronde en début d'après-midi, après la prière du vendredi. Au Caire notamment, des cortèges doivent partir d'une trentaine de mosquées pour se rendre sur deux sites où les partisans du président renversé Morsi ont établi des campements, près de l'Université du Caire et devant la mosquée Rabaa al-Adawiya, dans le nord-est de la capitale. Le camp adverse, soutenu par l'armée qui a déposé le président Morsi, doit se retrouver plus tard dans l'après-midi sur la place Tahrir et devant le palais présidentiel, dans le quartier d'Héliopolis, à l'est de la capitale égyptienne. C'est à l'appel du chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, artisan du renversement de M. Morsi et nouvel homme fort du pays, lancé mercredi que cette partie des Egyptiens descend dans la rue pour lui donner un "mandat" afin d'en "finir avec le terrorisme et la violence". Les médias gouvernementaux et privés, massivement hostiles à M. Morsi, ont joint le général et multiplié les appels manifester, souhaité par l'armée. Quant au guide suprême de la confrérie des frères musulmans, Mohamed Badie, lui avait appelé à des manifestations "pacifiques", tout en exhortant ses partisans "à ne pas baisser la garde face au coup d'Etat sanglant". En dépit de la situation explosive, la justice égyptienne a décidé de placer le président destitué par l'armée, Mohamed Morsi en détention préventive pour "complicité présumée avec le mouvement palestinien dans des attaques contre la police et une évasion de prison début 2011", décision qui a été vite condamnée par les Frères musulmans qui l'a qualifiée de "retour au régime Moubarak". "M. Morsi a été placé en détention préventive pour une durée maximale de 15 jours dans le cadre de cette procédure concernant son implication présumée dans des attaques contre la police, imputées au Hamas, et son évasion de la prison de Wadi Natroun à la même époque", a rapporté vendredi matin l'agence officielle Mena. Ces accusations "sonnent comme une vengeance de l'ancien régime, qui indique qu'il fait un retour en force", a déclaré à la press un porte-parole des Frères musulmans, Gehad el-Haddad. Elu en juin 2012, le premier président islamiste et civil d'Egypte était contesté par une partie de la population et l'opposition qui l'accusaient d'accaparer le pouvoir au profit des Frères musulmans. Arguant que M. Morsi ne pouvait régler la grave crise politique secouant le pays, l'armée l'a déposé le 3 juillet et a nommé un président civil intérimaire pour gérer la transition avant la tenue à une date indéterminée d'élections générales. Les réactions internationales vis à vis de la situation ne se sont pas faites attendre. Le secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Kimoon a appelé l'armée à libérer M. Morsi et d'autres dirigeants des Frères musulmans, ou "que leurs dossiers soient examinés de façon transparente sans plus attendre". Pour Amnesty International, "l'appel du général Sissi fait redouter que les forces de sécurité ne se préparent à utiliser la force pour mettre fin aux manifestations des pro-Morsi". Elu en juin 2012, le premier président islamiste et civil d'Egypte était contesté par une partie de la population et l'opposition qui l'accusaient d'accaparer le pouvoir au profit des Frères musulmans.