Les agents de carrefour, récemment recrutés dans le cadre de la mise en circulation du tramway de Constantine, donnent durant ce Ramadhan caniculaire, une belle leçon en matière de courage et de foi en accomplissant un travail pénible sous un soleil de plomb. Ce nouveau métier impose la présence physique tout au long de la journée des agents chargés d'organiser la circulation sur les sept carrefours traversés par le tramway. Il permet aux usagers de ce mode de transport et à tous les Constantinois de constater de visu le courage impassible de ces jeunes gagnant leur vie (c'est le cas de le dire) à la sueur du front. Si les ouvriers des secteurs du bâtiment, des travaux publics, des mines et de l'agriculture ont, durant le mois de jeûne, la possibilité de ménager leur emploi du temps en commençant leur labeur dès potron-minet pour terminer tôt et éviter ainsi de travailler sous les chaleurs suffocantes, les agents de carrefour n'ont pas cette marge de manoeuvre car conditionnés par des horaires allant de 7 h 30 jusqu' à 1 h 30 du matin, horaire adopté pour le fonctionnement du tramway durant le mois sacré. Scindés en trois groupes, le premier du 7 h 30 à 13 h 00, le second de 13 h 00 à 18 h 00 et le troisième de 18 h 00 à 1 h 30, les agents de carrefour se sont vus confier la dure tâche d'organiser la circulation de véhicules pas toujours très disciplinés, surtout dans l'après-midi. Cette mission, particulièrement pénible durant le mois de Ramadhan, synonyme de sautes d'humeur parfois inattendues des automobilistes, est d'autant plus difficile qu'aucune marge d'erreur n'est tolérée car il s'agit surtout de protéger les citoyens contre tout éventuel accident pouvant se produire à cause du non respect de la signalisation organisant la circulation des rames. Vêtus d'uniformes, plaques de ‘‘stop'' à la main, les agents de carrefour ne peuvent pas bouger de leur place pendant six heures, chaque minute est importante pour ces travailleurs stoïques qui doivent garder constamment un oeil vigilant sur les mouvements du tramway, des véhicules et des piétons. Cette tâche accomplie en plein soleil suscite parfois la curiosité et l'étonnement des Constantinois, notamment les jeunes du centre-ville dont la majorité a certes entendu parler des agriculteurs et autres ouvriers travaillant à jeûn par 40 degrés à l'ombre, mais qui n'ont jamais assisté "en live" à un tel spectacle. "Durant ce mois de Ramadhan, les agents de carrefour nous ont donné une véritable leçon de courage et de persévérance", souligne Nouha, une jeune femme de 30 ans qui affirme avoir "tiré de l'énergie de ces agents de carrefour qui accomplissent leur métier dans des conditions des plus pénibles". Ce nouveau métier pratiqué par quelque 100 jeunes gens recrutés par la société d'exploitation des tramways (SETRAM) "devraient donner à méditer aux agents qui se plaignent à longueur de journée de la difficulté de travailler l'estomac vide même s'ils se trouvent dans des bureaux climatisés", ajoute Nouha. "Parfois on est obligé de rompre le jeûne sur les carrefours parsemant le tracé du tramway, de la station Benabdelmalek-Ramdane à la cité Zouaghi, mais cela ne nous gêne pas plus que cela, au contraire l'ambiance conviviale que nous créons entre nous, permet de compenser toute la fatigue de la journée", confie Abdelmalek, un jeune s'apprêtant à rompre le jeûne en compagnie de trois collègues rencontrés sur le carrefour de la cité Khaznadar, à proximité de l'Institut d'architecture de l'université Mentouri.