«Je gagne parfois 400 à 600 dinars» nous affirme Bilal, un collégien de Sidi-Aïch qui s'est converti en vendeur de figues de barbarie. Plusieurs enfants à Béjaïa travaillent sous le nez des autorités. Ils sont des centaines d'enfants à Béjaïa à exercer, parfois avec la bénédiction de leurs parents, un travail hors circuit officiel. En dessous de l'âge légal du travail, ils s'approprient les bas-côtés de la RN 12, de la RN 26 et de quelques chemins de wilaya et proposent aux automobilistes sous un soleil de plomb et torses nus, figues fraiches, figues de barbarie, nèfles… «Je gagne parfois 400 à 600 dinars» nous affirme Bilal, un collégien de Sidi-Aïch qui s'est converti le mois de carême dernier en vendeur de figues de barbarie. Otant délicatement les épines qui se sont fichées dans ses mains, il nous dit qu'il se lève dès potron-minet pour arriver le premier sur les lieux, avant ses camarades, pour faire une bonne recette journalière. Le père de Bilal est un fonctionnaire. Son fils travaille pour s'offrir un portable toutes options et s'acheter des fringues pour l'Aïd et la rentrée scolaire. Mais Bilal est un cas à part, car la majorité des enfants qui sont poussés au travail le font notamment à cause de la misère de leur famille. C'est le cas de Sofiane, un enfant de 16 ans qui touche à tout pour arrondir les fins de mois de son paternel qui exerce comme ouvrier polyvalent dans un établissement scolaire. Il écume les déchetteries à la recherche de produits recyclables (fer, verre, plastique) qu'il vend à des collecteurs qui circulent souvent dans des vieux tacots, il récolte des caroubes qu'il coule à 15 dinars le kilo et tout dernièrement il propose des nèfles à 15 dinars le verre. «Mon père a un salaire de famine et il est endetté, je dois travailler, Allah ghaleb !» laisse-t-il échapper. Champions du système D, ces enfants donnent une belle leçon de bravoure à ces jeunes attirés par les sirènes de la Harga. «Chapeau bas ! Ils ne sont pas fainéants, ils aident leurs parents... Ils montrent le chemin aux jeunes qui se complaisent dans le chômage. Ce n'est pas que je suis pour le travail des enfants, mais je préfère les voir ainsi que de tomber dans la délinquance» nous déclare à ce sujet Kamel, un enseignant dont le petit cousin est l'un de ces enfant à la sauvette. Malgré que les chiffres manquent et que les responsables continuent à claironner que le travail des enfants est quasi inexistant dans notre pays, la réalité est là, plusieurs enfants à Béjaïa font dans la débrouille et travaillent sous le nez des autorités.