Le président d'Equateur, Rafael Correa, a annoncé vendredi sa volonté d'autoriser au maximum l'exploitation pétrolière et minière afin de lutter contre la pauvreté, une politique qui suscite la préoccupation d'une partie de la communauté indigène en raison des risques pour l'environnement. Le chef de l'Etat a notamment maintenu sa décision très controversée d'extraire du pétrole de Yasuni, une réserve naturelle unique en Amazonie, dotée de grands gisements de brut, suite à l'échec d'un appel de fonds international pour éviter cette exploitation. "Nous n'allons pas laisser mourir de faim notre peuple pour pallier l'irresponsabilité des pollueurs de la planète", a déclaré M. Correa, devant un parterre d'élus et d'Indiens d'Amazonie venus l'entendre à Quito. Mais, au-delà de Yasuni, qu'il aurait souhaité épargner, le dirigeant socialiste a souligné que le pays allait exploiter "toutes les ressources possibles (...) avec la plus grande responsabilité environnementale et sociale, afin de surmonter au plus vite la pauvreté". Près de 30% des Equatoriens vivent encore sous le seuil de pauvreté, selon le dernier rapport de la Banque mondiale en 2011, un taux que le gouvernement se targue d'avoir réduit à 16%, depuis l'arrivée au pouvoir de M. Correa en 2007. Réélu en février pour un mandat de quatre ans, ce dernier a annoncé en août son intention de se résoudre à exploiter le pétrole à Yasuni, qui concentre 20% des réserves nationales soit 920 millions de barils, suite à l'échec d'un appel de fonds international pour éviter cette extraction. Selon le chef de l'Etat, les opérations à Yasuni, qui seront confiées à la compagnie d'Etat, devraient apporter des revenus supplémentaires de 19,2 milliards de dollars, soit plus de la moitié du budget de cette année. L'annonce de l'exploitation de la réserve amazonienne a toutefois suscité l'ire de plusieurs ONG de défense de l'environnement et d'associations indigènes, qui ont lancé une procédure visant à convoquer une consultation populaire sur cette question. En cas de validation par la haute juridiction, les promoteurs de l'initiative devront s'assurer du soutien de 5% de l'électorat du pays pour qu'un référendum soit organisé. Aucun délai maximum n'est prévu par la loi pour réunir ces signatures.