Le président colombien, Alvaro Uribe, a rendu visite à six de ses homologues latinos sans parvenir à les convaincre de s'accommoder de l'installation des militaires américains dans son pays. Chassés d'Equateur, où le président Rafael Correa a été chassé pour avoir notamment refusé de renouveler la concession de la base militaire de Manta, l'armée us devrait se déployer en Colombie sur pas moins de sept bases. Trois terrestres, deux aériennes et deux navales. L'annonce provoque un tollé en Amérique latine. Au Venezuela, qui possède une frontière de 2 000 kilomètres avec la Colombie, Hugo Chavez dénonce mais sans plus, la crise financière n'est pas passée. Même courroux à Quito, où Rafael Correa ne pardonne pas à Alvaro Uribe d'avoir ordonné le bombardement d'un camp de guérilleros des Farc, en février 2008 sur le territoire équatorien, sans se soucier de la violation de souveraineté. Les choses se compliquent quand le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, au côté de son homologue chilienne Michelle Bachelet, deux figures de la gauche dite “modérée”, critiquent vivement l'installation des bases militaires chez leur voisin. Selon Lula, le sujet devrait être discuté au sein du Conseil de défense de l'Union des pays d'Amérique du Sud (Unasul). Une réunion qui devait se tenir hier en Equateur, mais Uribe a fait savoir qu'il la boycotterait. Le Pérou, qui se veut l'autre pays proaméricain, applaudit, le Paraguay et le Chili respectent, mais la Bolivie, l'Uruguay, l'Argentine et surtout le Brésil condamnent. Pour Lula, l'installation de marines aux portes de l'Amazonie brésilienne est inacceptable. “La Colombie était en voie de briser son isolement, ce processus pourrait s'interrompre”, regrette l'Observatoire de l'intégration sud-américaine à Rio de Janeiro. Et le Council on Hemispheric Affairs, un institut basé à Washington, les bases us en Colombie montre aux Latino-Américains que rien n'a changé à Washington. L'institut avance pour preuve la confirmation, par Barack Obama, de la réactivation de la IVe flotte de la marine américaine, chargée de patrouiller dans les eaux d'Amérique du Sud et des Caraïbes. Lula a encore protesté, en notant que les navires américains étaient juste au-dessus des gigantesques réserves de pétrole découvertes depuis 2007 au large du Brésil. Brasilia menace de se lancer dans la course aux armements contre la Colombie, voire le Pérou, considérés par la diplomatie brésilienne comme “des serviteurs de la Maison-Blanche”. Dépêché à Brasilia, le général Jim Jones, conseiller d'Obama pour les questions de sécurité, a assuré que les bases n'auraient pour seules missions que la lutte contre le trafic de drogue et l'aide humanitaire.