Les pays du dialogue 5+5 ont plaidé mercredi à Alger pour une stratégie commune leur permettant de maîtriser les prix des produits agricoles de première nécessité et d'augmenter la productivité agricole afin de se prémunir d'éventuelles crises alimentaires. "La maîtrise des prix des produits de première nécessité constitue une priorité et un objectif qui requiert la conjugaison de tous les efforts (...) c'est le seul moyen qui puisse permettre aux pays concernés une plus grande maîtrise de leurs importations et de faire face aux crises engendrées par la fluctuation des prix des produits de base", a estimé le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Abdelouahab Nouri. Il s'exprimait lors des travaux de la première conférence ministérielle sur l'agriculture et la sécurité alimentaire du dialogue 5+5 en présence d'autres ministres et représentants des dix (10) pays de la Méditerranée occidentale. La maîtrise des prix est un objectif qui "ne sera atteint qu'avec la mobilisation de toutes les forces afin de lutter contre le phénomène de la spéculation sur ce type de produits", a-t-il estimé. M. Nouri souligne, à cet effet, que le groupe des 5+5 "est appelé à élaborer une stratégie claire prenant en considération les données du marché mondial ainsi que les spécificités de chaque pays", estimant que les pays des deux rives de la Méditerranée, notamment ceux du sud, doivent continuer à soutenir la production des produits de base afin de satisfaire les besoins des populations de plus en plus croissants. Abondant dans le même sens, le ministre français de l'Agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, Stéphane Le Foll a estimé que le développement de l'agriculture dépend de la stabilité des marchés. "Il faut que l'on soit capables d'éviter la volatilité des prix agricoles qui déstabilise et le consommateur et l'agriculteur", a-t-il dit. Concernant la démarche à prendre par les pays de la Méditerranée occidentale, la sécurité alimentaire, "le dialogue 5+5 doit avoir un double objectif : développer la production et pour la développer nous devons mieux nous informer et coordonner nos efforts pour stabiliser les marchés", a-t-il dit. Appuyant la proposition de l'Algérie de créer un observatoire méditerranéen chargé de la sécurité alimentaire, M. Le Foll a appelé à user de tous les outils qui sont à la disposition des pays pour avoir une perspective de stabilité des marchés. Il a proposé, dans ce sens, de mettre en place, en collaboration avec le CEHAM (centre international des hautes études agronomiques méditerranéennes), un "processus de statistiques et d'échange d'informations" à l'échelle méditerranéenne similaire à celui élaboré par la FAO. Selon cette organisation, ce système appelé (Amis) permettra d'asseoir plus de transparence dans les transactions commerciales et la régulation des marchés mondiaux des denrées alimentaires afin de faire face à l'instabilité des prix et à leur hausse excessive. Coordonner les efforts pour faire face aux changements climatiques Le ministre tunisien de l'Agriculture, Mohamed Ben Salem, a relevé que la sécurité alimentaire de son pays était menacée par la hausse des prix des matières agricoles sur les marchés mondiaux qui a impacté le volume de soutien des produits de première nécessité. Ce pays qui importe 80% de ses besoins en blé tendre propose d'accorder des facilités aux pays importateurs pour réduire leurs factures alimentaires et d'échanger les informations sur les politiques nationales mises en œuvre dans les différents pays du dialogue 5+5. Les intervenants à cette conférence ont souligné aussi l'importance de coordonner les efforts entre les pays de la Méditerranée occidentale sur la question des changements climatiques qui affectent de plus en plus la région et en particulier les pays de la rive sud. Le représentant de l'Italie a plaidé dans ce sens pour l'augmentation de la production et de la productivité en assurant plus de soutenabilité pour l'environnement et en encourageant l'utilisation des biocarburants, et de lutter contre le gaspillage alimentaire. Cette conférence est organisée dans le cadre du dialogue entre les dix pays de la Méditerranée occidentale (l'Algérie, la Tunisie, la Libye, la Mauritanie et le Maroc pour la rive sud, et l'Espagne, la France, Malte, le Portugal et l'Italie pour la rive nord). Elle se tient conformément aux conclusions de la 10 ème conférence des ministres des Affaires étrangères du 5+5, tenue à Nouakchott (Mauritanie) le 16 avril 2013.