Paysages multiples aux lumières éclatantes, jeux infinis des reflets sur des ciels colorés ou des champs fleuris, et une invitation impressionniste à partager des haltes sur des ports méditerranéens, ainsi se présentent les trente et une toiles du peintre Bachir Toudji, exposées jusqu'au 10 décembre à la galerie Aïcha Haddad (Alger). Inaugurée mercredi, cette exposition non titrée rassemble les œuvres, tableaux à l'huile et aquarelles, esquissées durant les pérégrinations de cet ancien officier de la marine marchande algérienne et retravaillées avec pendant sa retraite. Avec une préférence marquée pour les paysages marins, ce peintre autodidacte saisi au couteau des moments furtifs (pêcheurs à l'abordage d'une mer agitée, flâneurs dans un marché de Lisbonne, etc.) qu'il fait vibrer sur la toile en jouant sur la luminosité des couleurs (jaune, bleu, rouge) avec sensibilité et nostalgie. Très éloigné des démarches artistiques de nombreux peintres algériens contemporains qui abordent la peinture par l'abstraction, Bachir Toudji préfère l'émotion immédiate, "comme pour une musique", qu'il veut susciter par son travail, à la "réflexion et à l'interprétation" savantes de l'art contemporain. Pour ce féru d'histoire de l'art, la "liberté et la vision personnelle devant un paysage" sont les "seules choses qui comptent", dit-il en citant des peintres impressionnistes (Cézanne, Monet, etc) qui ont rompu au XIXe avec les codes artistiques de leur époque. Dans d'autres toiles aux titres évocateurs comme "Les chaumières", "Les coquelicots" ou encore "Fleurs sauvages", l'artiste a délaissé les visions marines lumineuses pour d'autres paysages, faisant preuve de maîtrise dans l'utilisation de couleur sombres ou chaudes. Quitter un port ou y revenir, une émotion et des paysages particuliers Marqué par des années de voyage à travers le monde, ce marin qui n'a "pas voulu devenir capitaine" pour "conserver sa liberté", peint également les plages de sa région natale de Dellys (Boumerdès) qu'il magnifie avec de larges ciels violacés, y incluant "les souvenirs d'autres ports" pour restituer des "paysages intérieurs", explique-t-il. "Il y a toujours une émotion particulière à quitter un port ou à y revenir, j'ai aussi voulu partager cela à travers mes tableaux", dit-il. Agé de soixante ans, Bachir Toudji compte à son actif plusieurs expositions individuelles et collectives en Italie et en France où il a également suivi des cours particuliers de peinture. L'exposition de Bachir Toudji est la troisième à être organisées jusqu'au 10 décembre par l'établissement Arts et Culture d'Alger, après de celle de Khaled Boukraa et Samia Boumerdaci, successivement à la galerie Asselah Hocine et au centre culturel Mustapha Kateb.