Les responsables du secteur de la Pêche et des ressources halieutiques de la wilaya de Jijel, ont lancé une alerte pour prévenir la capture et la consommation du "poisson-lapin", "apparu sur certaines côtes du pays, notamment à Chlef". Ces responsables ont émis, à plusieurs reprises sur les ondes de la radio régionale de Jijel, des appels en direction des citoyens et notamment des professionnels de la mer, pour qu'ils s'abstiennent de pêcher, de commercialiser et de consommer ce poisson toxique. Les caractéristiques de ce poisson et ses origines ont été explicitées par les responsables de ce secteur. A Skikda, une wilaya côtière limitrophe de Jijel, il a été signalé la capture de "deux poissons toxiques" au port de la Marsa-Est, selon des médias. Des sources locales ont affirmé que deux poissons pesant près de 800 grammes chacun seraient connus pour "contenir des substances hautement toxiques". Des professionnels de la mer ont indiqué, de leur côté, qu'il s'agissait de "poissons coffre jaune", réputés pour leur grande toxicité alors que d'autres attestaient qu'il s'agissait en fait de poissons-lapin. Le directeur de la pêche de la wilaya de Skikda qui a confirmé l'information a néanmoins précisé que les deux poissons capturés ont été remis au laboratoire de Annaba et au centre national de recherches pour le développement de la pêche et de l'aquaculture (CNRDPA) "dans le but d'identifier l'espèce pêchée et décider des mesures à prendre". La même source a également indiqué qu'une équipe de vétérinaires a été dépêchée sur les lieux et qu'à titre préventif, les marins pêcheurs de la région ont été invités à éviter toute commercialisation de ce genre de poisson. Le poisson-lapin ,"une espèce toxique", a été pêché récemment sur la côte ouest de la wilaya de Chlef, selon la même source. Cette espèce de poisson, en provenance de la mer Rouge, serait entrée en Méditerranée par le canal de Suez, a t-on expliqué. L'information, confirmée par des professionnels de la mer, a révélé que deux poissons du genre ont été ramenés par des pêcheurs opérant dans les ports d'El Marsa et de Sidi-Abderrahmane, dans la wilaya de Chlef. La Chambre locale de la pêche a lancé, de son côté, une large opération de sensibilisation aux dangers du poisson-lapin, dont une photo a été placardée dans les ports de la région, et "dont l'arrivée, pour la première fois sur les côtes algériennes", a inquiété les consommateurs. Le poisson-lapin à queue tronquée est une espèce originaire de la mer Rouge, habituellement présente dans le bassin oriental de la Méditerranée, notamment près des côtes du Liban. Il a été observé pour la première fois en Méditerranée occidentale, sur les côtes chélifiennes (Ouest d'Alger). A l'ouest du pays, plus exactement à Arzew (Oran), une journée de sensibilisation a été organisée afin d'informer l'ensemble des marins pêcheurs activant dans la baie de cette localité sur les dangers du poisson-lapin. "Ce poisson ne doit pas être consommé car il contient du venin au niveau de la queue, de la bouche, du dos ainsi que des intestins. Une journée suffit à provoquer la mort de la personne qui le consomme", selon des responsables du secteur de la pêche. Il s'agit d'un poisson herbivore, de couleur brune et doté d'une sorte de bec pour brouter les algues, ainsi que d'épines dorsales légèrement venimeuses et mesure une vingtaine de centimètres. C'est l'une des nombreuses espèces dites invasives qui étendent leur habitat en profitant du réchauffement climatique ou du développement des échanges intercontinentaux, selon les spécialistes qui ont précisé qu'après la seconde guerre mondiale, ce poisson a traversé le canal de Suez pour ensuite se répandre dans le bassin oriental de la Méditerranée où il a proliféré. Un spécialiste français, le Pr. Patrice Francour, du Laboratoire environnement marin littoral de l'université de Nice, a révélé que 70% des poissons fréquentant les côtes libanaises sont des "Siganus luridus", qui ne sont autres que le redoutable poisson-lapin, défrayant actuellement la chronique méditerranéenne.