La révision de la Constitution est l'un des principaux thèmes de la bataille électorale des six candidats à la présidentielle du 17 avril prochain, même si des divergences de fond les séparent sur la mouture de ce que sera la nouvelle Loi fondamentale du pays. L'Algérie a connu depuis le recouvrement de sa souveraineté nationale en 1962 cinq Constitutions (1963, 1976, 1989, 1996 et 2008). La dernière révision de 2008, qui a mis fin à la limitation des mandats présidentiels, aura fait long feu, selon les engagements des candidats à cette présidentielle qui, tous, veulent la ''revisiter''. Le candidat Ali Benflis estime à cet égard que le renouveau national pour ériger une ''société des libertés'' et la démocratie voulue par le peuple, passe par une Constitution "consensuelle" à laquelle seront associés tous les partenaires politiques et sociaux, et même ceux qui sont actuellement exclus de l'activité politique" et qui sont selon lui ''une partie de la solution''. Benflis, candidat au scrutin présidentiel de 2004, critique vivement la révision de la Constitution de 2008, la qualifiant de ''grave dérapage qui a causé la situation imposée actuellement". Benflis a clairement affiché sa position durant cette campagne électorale pour une limitation des mandats présidentiels pour garantir l'alternance au pouvoir. De son côté, le candidat indépendant à la présidence de la République, Abdelaziz Bouteflika, a promis que dans le cas de sa réélection, il procédera à la révision de la Constitution "durant l'année 2014", en vue d'élargir les prérogatives des élus du peuple. Abondant dans le même sens, Ahmed Ouyahia qui fait partie de l'équipe de campagne du président sortant souligne lui aussi que l'amendement de la Constitution "parachèvera le processus démocratique amorcé en Algérie et renforcera les institutions". Surf sur la vague constitutionnelle Son directeur de campagne Abdelmalek Sellal indique pour sa part que la révision de la Constitution constitue "une priorité" pour Bouteflika. Le candidat de Ahd 54, Ali Fawzi Rebaïne, plaide lui pour une révision de la Constitution avec un régime présidentiel et un mandat de cinq ans, sans limitation de mandats. En revanche, il est favorable à une "limitation de la suprématie du tiers présidentiel dans la composition des membres du Conseil de la nation". Pour Louisa Hanoune, candidate du Parti des Travailleurs (PT), "une réforme radicale" de la Constitution s'impose si évidemment elle sera élue comme première femme présidente de l'Algérie. "Je m'engage à une réforme radicale de la Constitution, qui garantit tous les mécanismes de l'exercice politique et exclut toutes formes de discrimination", affirmant son intention de "redonner la parole au peuple algérien afin qu'il définisse la forme et le contenu des institutions". L'unique femme candidate au scrutin du 17 avril s'engage à "institutionnaliser notamment le droit des citoyens à se prononcer sur les accords et autres conventions économiques liant l'Algérie aux organisations internationales, dont l'Union européenne (UE) et l'Organisation mondiale du commerce (OMC)". Pour Abdelaziz Belaïd, candidat du Front El Moustakbal, la révision de la constitution est un "passage obligé". Belaïd se déclare favorable à un mandat présidentiel de cinq ans renouvelable une seule fois, avec un chef du gouvernement issue de la majorité parlementaire, dans une nouvelle Constitution où chacun aura sa place. Il insiste également sur la nécessité d'instaurer "une cour suprême constitutionnelle" pour examiner les appréciations du Conseil constitutionnel qui ne sont pas actuellement susceptibles d'appel. Enfin, le candidat du Front national algérien (FNA), Moussa Touati, plaide pour un "changement du système de gouvernance" qui concrétisera la volonté et la souveraineté du peuple et ayant comme fondements de base la justice et l'équité. Selon lui, l'élaboration d'une charte nationale qui déterminera la nature du régime doit se faire avant la révision de la Constitution. "Si vous me donnez votre confiance, l'élaboration d'une charte nationale qui précisera davantage la notion d'Etat ainsi que le régime qui sera fondé sur le choix du peuple doivent précéder la révision de la Constitution", estime-t-il, se disant favorable à un "régime parlementaire" en Algérie. Une sixième constitution algérienne est actuellement dans le pipe, et devrait être mise en œuvre après l'élection présidentielle. Son contenu et ses orientations dépendront de la vision du président élu pour le mandat (2014-2019).