La dix-septième journée de campagne pour le scrutin présidentiel du 17 avril n'a pas connu de fait particulier, les candidats semblant marquer une pause avant un possible emballement discursif final, à cinq jours de la clôture de ces joutes conduites jusque-là dans des conditions de sérénité relative malgré quelques troubles rapidement circonscris. Le staff de campagne du président-candidat Abdelaziz Bouteflika a d'ailleurs donné le ton mardi en prédisant, dans une déclaration à l'APS, une "semaine dense et chargée" pour toute son équipe ainsi qu'une poursuite de la campagne électorale avec sans doute moins de risque de perturbation des différents meetings. Pour sa part, la commission nationale de surveillance de l'élection présidentielle (CNISEP) a assuré, par la voix de son président Fateh Boutbik, de sa détermination à demeurer "neutre" dans l'accomplissement de sa mission d'encadrement du processus électoral, et a réfuté l'idée selon laquelle des différends diviseraient ses membres. Selon lui, "aucun des membres de la commission n'a gelé sa représentation ni fait état, formellement, du moindre problème", contrairement à ce qui a été rapporté. La CNISEP est composée des représentants des six candidats en lice. Alors que des groupes d'étudiants marchaient à Bejaia pour dénoncer le processus électoral en cours et qu'un soutien du candidat Ali Benflis était empêché --sans violence-- de tenir son meeting à M'Chedallah (Bouira), les candidats ou leurs représentants ont continué mardi à sillonner le territoire national armés de discours hétéroclites pour tenter de convaincre les électeurs sur tous les sujets de proximité pouvant les intéresser. A Alger, Abdelmalek Sellal, le directeur de campagne du candidat Bouteflika, a ainsi choisi cette fois de s'adresser aux femmes pour leur promettre davantage de mesures pour la lutte contre les violences qui leur sont faites, tandis que le candidat du parti Ahd 54, Ali Fawzi Rebaïne, ciblait à Témouchent les problèmes de la communauté nationale à l'étranger qu'il s'engage à régler s'il est élu. Pour sa part, la candidate du Parti des travailleurs (PT) Louisa Hanoune a promis mardi depuis Tipasa de créer un secrétariat d'Etat chargé de la promotion et de la généralisation de Tamazight dans tout le pays, en relation avec son engagement d'officialiser cette langue au côté de la langue arabe. Le candidat indépendant Ali Benflis s'est engagé de son côté, depuis Souk Ahras à améliorer la situation des personnes handicapées, à mettre en oeuvre la loi sur le moudjahid et le chahid et à faire en sorte que les jeunes Algériens accèdent plus naturellement aux postes de décision. A un niveau plus politique, Le candidat du Front national algérien (FNA) Moussa Touati s'est dit, depuis Bejaia, "opposé" à toute idée de "période de transition" lui préférant sa position radicale de "départ du système de pouvoir actuel" mais par la voie pacifique des urnes. "Les Algériens réclament un changement, mais le pouvoir en place veut prendre les mêmes et recommencer", dénonce-t-il. A partir de Boumerdes, M. Touati s'en est pris à ce qu'il a qualifié de "pratiques malsaines" consistant, selon lui, à utiliser de l'argent d'origine douteuse pour financer la campagne de certains candidats. Le même principe éthique a été évoqué à Guelma par le candidat Abdelaziz Belaid du Front El Moustakbal, qui dit mener une campagne électorale "propre" alors que d'autres la financent, accuse-t-il, avec de "l'argent sale" et par la pratique de "l'achat des voix". Pour ce jeune candidat, "il faut nécessairement investir sur l'homme sincère, intègre et honnête, le seul à pouvoir produire de la richesse et non pas le contraire". Ce 17ème jour de campagne s'est refermé sur un bilan de la Commission nationale de supervision de l'élection présidentielle (CNSEL), qui indique avoir reçu 123 recours depuis le début de la campagne et en a tranché 108, alors que les 18 restants sont encore en délibération. Les recours ont concerné des dépassements liés surtout à "l'affichage anarchique" (98 recours), mais aussi à des cas de parti pris de l'administration, à des écrits de presse et à des faits d'ordre pénal tel que les incidents de Bejaia samedi dernier.