Le Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA) a élaboré un rapport sur l'évolution de la situation politique, sécuritaire et humanitaire au Mali et dans le Sahel, rendant compte des principaux développements dans la région au cours des derniers mois. Le présent rapport, rendu public mercredi à Addis Abeba au terme de la 449ème réunion du CPS tenue lundi dans la capitale éthiopienne, rend compte des principaux développements intervenus au Mali et dans la région du Sahel, en général, sur les plans politique, sécuritaire et humanitaire. Evoquant les développements sur la scène politique au Mali, le rapport du conseil souligne que le pays est désormais "entièrement sorti de la situation de rupture de la légalité constitutionnelle dans laquelle il a été entrainé à la suite du coup d'Etat intervenu le 22 mars 2012". Il précise en outre que la tenue réussie des élections présidentielles et législatives au cours de l'année 2013 a permis la mise en place de nouvelles institutions. Parallèlement au processus de consolidation des institutions démocratiques, la mise en œuvre de l'Accord de Ouagadougou du 18 juin 2013 se poursuit, malgré quelques défis, selon la même source. Le 26 avril 2014, le Président malien Ibrahima Boubacar Keita a nommé M. Modibo Keita, ancien Premier ministre, comme Haut Représentant aux Pourparlers inclusifs prévus aux termes de l'Accord de Ouagadougou. Ce dernier a aussitôt entamé des consultations avec les représentants de la communauté internationale au Mali, ainsi qu'avec les Parties aux pourparlers, en particulier les groupes armés. C'est dans ce contexte, relève le rapport, que les efforts entrepris par l'Algérie ont permis le lancement effectif des pourparlers inclusifs de paix inter-maliens, avec le soutien de plusieurs membres de la communauté internationale: UA, Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), Nations unies (ONU), Union européenne (UE) et Organisation de la Coopération islamique (OCI) et des pays suivants de la région: le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. En effet, durant plusieurs semaines de discussions à Alger avec les mouvements armés maliens, les autorités algériennes ont encouragé ces mouvements à s'inscrire de bonne foi dans le processus de paix et à mettre en cohérence leurs positions respectives. Les efforts de l'Algérie mis en exergue Ces efforts ont abouti à la signature, le 9 juin 2014, de la 1⁄2Déclaration d'Alger» par trois mouvements armés, en l'occurrence le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), le Haut Conseil pour l'Unité de l'Azawad (HCUA) et une branche du Mouvement arabe de l'Azawad (MAA), qui se considèrent comme les vrais opposants au Gouvernement malien. Le 14 juin 2014, trois autres mouvements, la Coalition du peuple pour l'Azawad (CPA û une dissidence du MNLA), la Coordination des Mouvements et Forces patriotiques de Résistance (CMFPR) et une branche du MAA, considérés par les autres comme proches du Gouvernement malien, ont signé la 1⁄2Plate-forme préliminaire d'Alger». Du 7 au 14 juillet 2014, les autorités algériennes ont réuni, à Alger, des experts représentant les organisations régionales et internationales précitées et des pays de la région concernés pour préparer les pourparlers. Le 16 juillet 2014, une réunion ministérielle impliquant tous ces acteurs a examiné un projet de 1⁄2Feuille de route des négociations dans le cadre du Processus d'Alger» préparé par les experts. Ce projet a été revu puis adopté et signé par les Parties (le Gouvernement malien et les mouvements armés), le 24 juillet 2014. La Feuille de route énonce les principes et références de base des pourparlers et détermine les différentes questions à discuter pour le règlement du conflit malien. Elle précise le format des pourparlers, la composition de l'équipe de médiation pilotée par l'Algérie et incluant les représentants des cinq organisations régionales et internationales sus-citées et des pays de la région, identifie les parties aux pourparlers et décline un calendrier pour leur déroulement. Ce calendrier prévoit un processus devant durer environ 100 jours avec différentes phases marquées par des périodes de suspension ou de consultations sur le terrain au Mali. La prochaine phase est prévue du 17 août au 11 septembre 2014. Situation sécuritaire Evoquant l'évolution de la situation sécuritaire au Mali, le rapport du CPS de l'UA note que les grandes agglomérations du nord du pays ont été libérées depuis mai 2013, grâce aux actions combinées de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA) et de l'opération "Serval", en appui aux Forces de défense et de sécurité maliennes (FDSM). Pour rappel, l'oprétaion Serval est terminée et une autre opération "Barkhane" de lutte antiterroriste dans la région du Sahel, est en activité depuis le 1 août. Toutefois, précise le document, la situation actuelle est marquée par la persistance d'incidents sécuritaires et la poursuite des attaques perpétrées par des groupes armés et terroristes encore actifs dans les trois régions du nord (Gao, Kidal et Tombouctou), notamment dans l'Adrar des Ifoghas, à l'extrême nord-est du pays. Aussi, de nombreuses attaques, des enlèvements de personnes, ainsi que des affrontements intercommunautaires, ont été signalés au cours des derniers mois. Le 23 mai 2014, rappelle toutefois le document, un accord de cessez-le-feu a été signé par les mouvements armés qui occupaient la ville de Kidal (notamment le MNLA, le HCUA et le MAA) et le Gouvernement malien. Aux termes de cet Accord, les mouvements armés se sont engagés à cesser les hostilités, à participer aux Pourparlers inclusifs, à libérer les éléments des FDSM et les civils qu'ils avaient fait prisonniers et à faciliter les opérations humanitaires. Les pourparlers inclusifs de paix à Alger ont permis l'adoption d'une 1⁄2Déclaration de cessation des hostilités» à Alger, le 24 juillet 2014, en même temps que la Feuille de route des Pourparlers, afin de renforcer l'Accord de cessez-le-feu du 23 mai et ses Modalités de mise en £uvre convenues le 13 juin2014. II convient de signaler cependant que le processus de pourparlers inclusifs en cours à Alger devrait aboutir, à terme, à une amélioration significative de la situation, y compris le règlement des questions relatives au cantonnement, à la démobilisation et à la réintégration des éléments des mouvements armés, ainsi qu'à la réforme des FDSM. Situation dans le Sahel Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine a élaboré, à Addis Abeba, une stratégie sur la sécurité dans les pays du Sahel formulant des recommandations visant à prendre en charge ce domaine sensible. Les axes prioritaires de la stratégie comportent la promotion de la coopération régionale en matière de sécurité à travers le processus de Nouakchott, créé en mars 1013 dans la capitale mauritanienne, la participation à la réflexion pour son approfondissement et le soutien aux programmes de désarmement, de démobilisation et de réinsertion socio-économique des groupes armés du Nord Mali. La stratégie a également axé sur la participation aux programmes de réforme du secteur de la sécurité dans la région du Sahel et sur la coopération avec les partenaires dans le domaine sécuritaire. Il est à rappeler que l'initiative de l'Algérie dans la région a pour objectif d'amener la région à assumer ses responsabilités, à définir les actions devant être accomplies par ses partenaires et à limiter l'ingérence étrangère dans les affaires internes de la région. En octobre dernier, lors d'une tournée dans la région, le ministre des Affaires étrangères, M. Ramtane Lamamra avait indiqué que les présidents de la Mauritanie, du Mali et du Niger "ont été très favorables à l'initiative du président Bouteflika qui appelle à la concertation et à la coordination sur les questions relatives à la sécurité et au développement dans la région du Sahel", relevant des points de vue "en parfaite synergie avec les orientations de l'Algérie et nos actions communes, en tant qu'Africains et pays influents dans la région". Situation en Libye Le rapport du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine relève d'autre part que "la dégradation continue de la situation politique et sécuritaire en Libye s'ajoute aux préoccupations sécuritaires dans la région". Les missions d'évaluation conduites dans la région, en 2013 et 2014, par le Centre africain d'Etude et de Recherche sur le Terrorisme (CAERT) et l'Unité de fusion et de liaison (UFL), confirment ces menaces ainsi que les difficultés des Etats à y faire face. Les pays de la région poursuivent leurs efforts de renforcement de la coopération sécuritaire et d'opérationnalisation de l'Architecture africaine de paix et de sécurité dans la région sahélo-saharienne, et ce dans le cadre du Processus de Nouakchott lancé par la Commission de l'UA en mars 2013, conclut le texte.