La promotion de la notion éthique dans les objectifs pédagogiques de l'université algérienne a été vivement recommandée par des chercheurs ayant pris part à une journée d'étude, tenue samedi au Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC), à Oran. La rencontre a vu la participation d'une dizaine de professeurs issus de différents établissements d'enseignement supérieur de la région Ouest du pays, réunis sous le thème générique "Ethique professionnelle des enseignants universitaires". "L'université algérienne, censée former à l'éthique professionnelle, peine à intégrer cette noble mission dans ses objectifs pédagogiques", a relevé d'emblée l'intervenant Karim Ouaras de l'université de Mostaganem. Dans sa communication intitulée "L'éthique: un impératif pour l'université et l'entreprise algériennes", M. Ouaras a notamment insisté sur le fait que "l'apport de l'université ne doit pas être réduit à la transmission du savoir". Il a estimé à ce titre que "le rôle de l'université doit aussi tenir compte des paramètres exogènes à la formation et du devenir professionnel de l'apprenant", faute de quoi, "les répercussions seront négatives sur l'entreprise économique et tous les mécanismes institutionnels du pays", a-t-il alerté. "L'université se doit de transmettre un système de valeurs et d'attitudes qui feront de l'apprenant un citoyen du futur, apte à exercer une profession dans les règles de l'art", a souligné le conférencier. "L'université doit être pourvoyeuse en principes déontologiques et fournir la matière grise nécessaire pour le fonctionnement éthique de l'entreprise économique", a encore préconisé M. Ouaras, également directeur-adjoint au Centre d'études maghrébines (CEMA), basé à Oran. Cette journée d'étude a aussi permis d'affiner la réflexion, mettant en lumière l'importance de la notion éthique à travers les contextes historiques et contemporains du champ scientifique. Mahmoud Ariba de l'université d'Oran a abordé, quant à lui, "la problématique éthique en milieu arabo-musulman à la lumière d'un concept-clé: El-Ihsan", montrant "comment, de bonne heure, la société musulmane originelle s'était préoccupée au plus haut point de la prise en compte de la question éthique à travers la notion d'Ihsan (bien-agir)". La biologiste Fatima Zohra El-Kébir s'est penchée, pour sa part, sur les principes directeurs universels encadrant l'usage des techniques nouvelles de recherche dans le domaine médical et biologique, avant de mettre l'accent sur "les points de référence nationaux impliquant des facteurs spécifiques comme la religion, la situation socio-économique et la culture". Le débat a été enrichi par d'autres intervenants parmi les chercheurs du CRASC, à l'instar de Mohamed Miliani qui a mis en perspective, à partir de situations vécues, "l'incertitude de certains enseignants quand il s'agit de prendre des décisions, craignant que celles-ci soient perçues comme des sanctions injustes et pénalisantes". Son confrère Mustapha Mimouni s'est, quant à lui, évertué à clarifier la responsabilité de l'enseignant dans la confection des informations sur le plan pédagogique et dans la mise en place de l'outillage didactique nécessaire à la transmission des savoirs aux étudiants. De leur côté, Zoubida Senouci de l'Ecole nationale polytechnique d'Oran et sa partenaire Aïcha Benamar du CRASC se sont attelées à examiner "les rapports entretenus par les enseignants, d'une part avec les étudiants en matière d'enseignement, d'évaluation et d'accompagnement, et d'autre part, avec l'environnement universitaire humain et matériel". L'expérience étrangère était également au menu de cette rencontre à la faveur de la participation de Didier Moreau, invité de l'université Paris 8, qui a consacré son intervention à la construction de l'éthique professionnelle en éducation et en formation.