Entré en vigueur durant l'année 2004, le système LMD peine à trouver ses marques. Appuyé sur des parcours souvent empruntés sur la toile, sans reculs et souvent sans profondeur de vue, ce système de formation s'est quasiment généralisé à l'ensemble de la sphère universitaire nationale. Dans le cadre de ses activités, la structure en charge de la formation continue de l'université de Mostaganem vient d'engager la réflexion sur le rôle du tuteur et sa place dans l'application du LMD. Mettant à profit un séminaire organisé dans le cadre de la 4ème édition de l'Université d'automne, le tutorat a été au cœur de la manifestation. Dans ce cadre, la séance plénière a permis au recteur de l'université de donner une bref et utile aperçu sur l'évolution du LMD à une première évaluation d'étape. En remontant à l'origine du tutorat, l'orateur rappellera que ce terme agronomique a déjà été usité par Socrate dans la Grèce antique bien avant l'école de Stan du Suisse Pestalazzi qui s'est intéressé à l'éducation des orphelins de guerre, ce qui lui a permis d'appliquer, dès 1789, pour la première fois, le tutorat par ses pairs. Lui succédant, le professeur Med Miliani, un des plus éminents pédagogues algériens, spécialiste de l'évaluation, articulera sa conférence sur la relation enseignant-enseigné dont l'efficacité n'est possible qu'à travers une relation de confiance et de respect. Il soulignera l'impérieuse nécessité pour le professeur de ne jamais mépriser son élève, ajoutant que le besoin de tutorat doit d'abord s'exprimer chez l'apprenant qui est en droit d'attendre en retour un soutien adapté et efficace. Il mettra davantage l'accent sur l'opposition entre développement mimétique et déploiement réflexif. Med Miliani dira combien il est salutaire de faire la part des choses entre l'imposition ou l'autonomisation de l'acte pédagogique. De son côté, Badra Mouatassem- Mimouni mettra l'accent sur l'originalité de la démarche de l'université de Mostaganem qui est la seule au niveau national à appliquer un programme de formation des formateurs. La chercheuse du CRASC axera son discours sur la psychologie de la guidance, insistant particulièrement sur le processus d'apprentissage qui doit amener l'élève à s'imprégner de la nécessité de s'inscrire dans un projet de formation où les dimensions psychologiques et psychosociologiques constituent les bases fondamentales d'une relation tuteur-tutoré où la dimension humaine de la formation constitue à la fois un socle et un gage de réussite. Tutorat, un pilier du système LMD Abordant le tutorat dans le cadre des sciences humaines, de la mathématique-informatique et des sciences économiques, Kaddour Sikouk, Amina Benbernou et Rachid Youcefi mettront en exergue les spécificités de la formation dans ces départements respectifs. Tous parleront de la difficulté à élaborer une feuille de route afin de faciliter la relation entre le corps enseignant et les étudiants lors de la mise en application du tutorat qui est un pilier du système LMD. Après un débat intense, les séminaristes seront répartis à travers 4 ateliers didactiques. Dans une élégante contribution, le Dr Ali Bouguerba, responsable du groupe MaghrebMeta, mettra l'accent sur l'expérience française à la lumière de la mise en application, depuis 1996, du système du tutorat dans le système de formation français, pour ensuite proposer un débat sur l'opportunité de la fonction tutorale pour l'Algérie. Il rappellera que le tutorat est basé sur le volontariat et qu'il est assumé par les étudiants confirmés de seconde ou troisième année. Intervenant lors du débat général, trois professeurs de la faculté de médecine d'Oran se sont relayés pour souligner que le système du tutorat fait partie intégrante des études médicales et qu'il constitue à ce titre une excellente référence pour l'Université algérienne. Tour à tour, les trois intervenants diront leur ravissement suite à la naissance de la faculté de médecine de Mostaganem. C'est là un cinglant rappel à l'ordre à l'intention de ceux qui continuent de répandre une pernicieuse et stupide rumeur quant au statut de cette faculté de médecine. Après deux journées d'intenses travaux, les participants, qui représentent la plupart des universités du pays, se sont entendus sur une série de recommandations afin de permettre une réelle prise en charge du tutorat à travers l'Université algérienne. Ces mesures s'articulent à la fois sur les aspects méthodologiques et financiers. Car, de l'avis de nombreux intervenants, il appartient désormais au législateur de prendre en charge l'ensemble des paramètres qui freinent la mise en place effective du tutorat afin de doter le système LMD d'un indispensable levier.