La Société algérienne de production de véhicule spéciaux, Rheinmetall-Algérie-Spa, créée à Constantine dans le cadre de la stratégie militaire de développement industriel initiée par l'Armée nationale populaire (ANP) est une promesse "blindée" pour une contribution à la relance de l'économie nationale. Implantée à Ain Smara, à proximité immédiate de l'autoroute Est-ouest, cette société à capitaux mixtes, chargée de la production de véhicules blindés de type Fuchs-2 6 x 6, figure parmi les projets les plus prometteurs de l'industrie mécanique en Algérie. Le lancement en production de ces véhicules blindés aura lieu "début 2015", selon les précisions fournies par les responsables militaires chargés de la conduite de ce projet. Ceux-ci ont fait part d'une prévision de production annuelle de 120 véhicules de ce type, avec un taux d'intégration qui devrait atteindre les 30%, au bout de cinq ans. En attendant la réception "imminente" des ateliers de production, des "ateliers de secours alternatifs" ont été mis en place pour permettre l'installation des équipements de fabrication nécessaires, a-t-on affirmé lors d'une visite guidée sur le site de cette usine, ouverte sur une partie de la zone industrielle vouée à l'industrie mécanique, à Ain Smara, près de Constantine. Cette société par actions, montée dans le cadre d'un partenariat entre l'Algérie, représentée par les ministères de la Défense nationale, de l'Industrie et des mines, et des investisseurs étrangers dont le concepteur allemand Rheinmetall et le Fonds d'investissement Aabar, est encadrée par la législation algérienne, notamment par les dispositions de la loi de finances complémentaire de 2009 pour la forme d'actionnariat qui dispose que la partie algérienne est majoritaire. L'option de partenariat retenue par l'Etat pour assurer le développement du tissu économique national est soutenue par la mise en place, par le ministère de la Défense nationale, d'établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC) chargés de conduire ce partenariat, a indiqué le colonel Ghani Badaoui, directeur général de l'EPIC Groupement de promotion de l'industrie mécanique (GPIM) qui détient 34 % des actions de cette Spa. Le transfert de technologie, clause-clé du partenariat Considéré comme un concept nouveau en matière de développement, le choix de partenariats avec des actionnaires technologiques de renommée mondiale permettra à l'Algérie de bénéficier des technologies de pointe, de les "absorber" avec une assistance technique et de les "partager réellement à l'aide d'une formation efficace, sous une supervision experte", a souligné le colonel Badaoui à l'APS, précisant que le transfert du savoir-faire et des technologies figure parmi les principales clauses de ce partenariat. L'Algérie recherche, à travers ce partenariat, à acquérir des technologies pérennes dans l'industrie du véhicule en important une technologie qui a fait ses preuves un peu partout dans le monde, a indiqué le directeur général du GPIM. Cette société domicilié à Ain Smara, chargée de conduire l'investissement spécifique, d'exploiter et de développer ce produit (véhicule blindé 6 x 6), aura également à développer, ultérieurement, la recherche technologique et scientifique en rapport avec le concept de cet engin militaire. Un institut de formation pour assurer la pérennité de l'entreprise Cette Spa spécialisée dans la fabrication de véhicules militaires emploie un millier de travailleurs, parmi lesquels des ingénieurs, des techniciens et des ouvriers, a indiqué le même officier, faisant part de la création, à Ain Smara, d'un institut de formation devant prendre en charge la formation de base, la formation spécifique et continue du personnel. Plus de 200 cadres de cette société ont bénéficié d'une formation à l'étranger pour assumer le rôle de formateurs du personnel de cette Spa, a souligné le colonel Badaoui, faisant part d'un gap technologique à rattraper en ce qui concerne la formation de base. Mettant l'accent sur l'importance de la formation professionnelle dans la réussite de ce plan de développement industriel, le colonel Badaoui a indiqué que des formations continues en langues et en informatique sont également dispensées aux cadres et aux ouvriers. Le partenaire technologique allemand a été choisi sur la base d'une plateforme de critères rigoureux et de performance, a indiqué le DG du GPIM, rappelant que plusieurs marques mondiales spécialisées dans la production de ce type de véhicules militaires avaient postulé pour prendre place dans ce partenariat. Le choix du site du complexe industriel mécanique d'Ain Smara pour la concrétisation de ce projet n'a pas été "fortuit" car adopté conformément aux orientations du Haut Commandement de l'ANP, portant création de plates-formes technologiques sur des sites industriels existants, a également souligné le colonel Badaoui, précisant que ce choix permettra d'assurer un boom de renaissance durable au pôle industriel mécanique de Constantine, né il y une trentaine d'années. Cet officier a aussi souligné l'impact de ce plan de développement industriel dans "l'équilibre des échanges et la réduction de la dépendance aux hydrocarbures". Quand l'ANP lutte contre la déprime économique Face à une actualité industrielle mondiale en constante évolution et un essor technologique vertigineux, quelquefois tumultueux, il était plus qu'urgent pour l'ANP d'actualiser sa copie pour être au diapason des mutations mondiales et préserver son statut de guide et d'avant-gardiste dans une société qui a de tout temps voué une considération particulière à ce corps de défense nationale. L'ANP qui a déjà fait ses preuves dans la lutte contre les différents dangers qui menaçaient l'Algérie, se lance aujourd'hui dans une autre épreuve, un autre défi, celui de lutter contre la déprime économique guettant le pays. Tournée vers l'avenir et résolue à rattraper le retard accusé par le pays en matière de développement industriel et de croissance économique, l'ANP s'est investie dans un créneau de développement durable qui devra lui permettre, en premier lieu, de satisfaire ses propres besoins en matière de fabrication d'engins militaire et de développement des systèmes électroniques de défense, entre autres, puis, dans une étape ultérieure, répondre aux besoins à usage général. Créée en 2011 devant notaire, cette société à capitaux mixte, appelée à défendre une rentabilité et à réaliser un business plan, permettra l'émergence d'un réseau local de sous-traitants qui fourniront des pièces de rechange susceptibles d'augmenter les capacités de production, de créer de nouveaux emplois, et d'améliorer la qualité des produits. La production à Oued Hamimime (Constantine) de différents types de moteurs d'engins et de groupes électrogènes figure parmi les perspectives tracées dans le cadre de ce partenariat visant la relance de l'industrie mécanique locale. Le partenaire qui vient produire, sous sa marque, des standards de produits en tous points identiques à ceux produits dans le pays d'origine, sous le même nom, le même label et les mêmes normes, fournira à l'Algérie le savoir-faire nécessaire à l'essor de son industrie.