L'ancien président de l'Olympique de Marseille (L. 1, France) Pape Diouf, a qualifié mercredi d'"hypocrite'' la position du Maroc qui a demandé le report de la CAN-2015 de football qu'il allait abriter, de crainte de la propagation du virus Ebola, avant d'organiser dans la foulée la coupe du monde des clubs. "Franchement, je trouve la position du Maroc hypocrite. D'un côté ce pays justifie sa demande de reporter la CAN-2015 par des raisons de santé, car craignant la propagation du virus Ebola dans ses terres, et de l'autre côté, il abrite sur son sol la coupe du monde des clubs", a estimé Diouf lors d'une conférence de presse à Alger. "J'ai décelé en l'attitude des autorités marocaines beaucoup de contradictions. Ce pays, outre le fait d'avoir abrité le Mondial des clubs avec la participation de clubs venus de pays ayant été pourtant touché par Ebola, accueille des rencontres de sélections dont les pays sont le foyer de ce virus, à l'image de la Guinée. Idem pour les stages de préparation et pour la compagnie aérienne marocaine dont les avions continuent de desservir les pays africains les plus touchés par la maladie", a-t-il expliqué. La demande du report de la CAN formulée par le Maroc a été rejetée par la Confédération africaine de football (CAF) qui a déplacé en Guinée équatoriale, la compétition qui débutera samedi prochain Pour l'ancien premier responsable de l'OM (2004-2009) aussi, la CAF n'est pas exempte de tout reproche dans ce dossier qui a tenu en haleine tout le continent pendant deux mois. "La CAF aurait pu charger une commission de spécialistes en la matière pour définir objectivement les conséquences de l'organisation de la CAN au Maroc. Mais cette instance s'est entêtée à maintenir la compétition coûte que coûte pour ne pas mettre en danger ses intérêts financiers", a encore estimé Diouf, poursuivant que la prochaine CAN aura un "goût amer". "Tout le monde sait que cette CAN allait avoir lieu dans de meilleures conditions si elle était maintenue au Maroc. Et puis, je me demande sur quoi se sont basées les autorités marocaines dans leur doléance, sachant que les supporters africains, faute de moyens, n'ont pas l'habitude de se déplacer pour soutenir leurs sélections respectives lors des CAN", a-t-il dit. CAN-2015 : L'Algérie favorite si elle joue avec son niveau du Mondial Sénégalais d'origine, Diouf, l'invité du quotidien sportif ''El Khabar Erriadi'', a souhaité que l'équipe de son pays l'emporte face à l'Algérie lors du match des deux sélections pour le compte de la 3e journée de la CAN, tout en reconnaissant que le rapport de force penche plutôt au profit des Algériens, sur lesquels il n'a pas tari d'éloges. "Il est clair qu'après tout ce qu'a montré l'équipe algérienne lors du précédent Mondial, elle bénéficie naturellement des faveurs des pronostics, surtout si elle maintient son niveau par lequel elle s'était illustrée l'été dernier au Brésil", a-t-il précisé. L'Algérie et le Sénégal sont logés dans la poule C qualifiée de "groupe de la mort'' et composée également du Ghana et de l'Afrique du Sud. Diouf a parlé également du sélectionneur de l'équipe d'Algérie, le Français Christian Gourcuff, qui a pris le relais du Bosnien Vahid Halilhodzic, après le Mondial brésilien. "C'est un technicien que j'admire beaucoup. C'est quelqu'un qui connait assez bien son métier. Il mérite tout le respect. Pour la petite histoire, lorsque j'étais président de l'OM j'avais songé un moment à l'engager", a-t-il révélé. Il s'est rappelé aussi qu'il avait sollicité l'ex-sélectionneur des Verts, Halilhodzic, pour lui confier les commandes techniques du club phocéen, "Mais il s'est avéré dés le départ que la cohabitation allait être impossible entre nous deux", a-t-il souligné. Ligue 1 française : "Les joueurs africains doivent prendre conscience de leur poids pour combattre le racisme" L'ancien président de l'Olympique de Marseille, Pape Diouf, a appelé mercredi à Alger les footballeurs africains de la Ligue 1 française à "prendre conscience de leurs poids" pour combattre le racisme dont ils font l'objet dans les stades. "Je suis vraiment déçu par l'attitude des joueurs africains évoluant en Ligue 1 et qui ne font rien pour combattre les racisme dont ils font l'objet, alors qu'ils ont des atouts énormes pour riposter à ce fléau et à l'injustice qui en découle", a déclaré Diouf à la presse à l'issue de la conférence-débat sur ''la violence dans les stades'' organisée à l'hôtel Aurassi par le quotidien sportif ''El Khabar Erriadi''. "Les statistiques disent qu'environ 40% des joueurs exerçant en Ligue 1 sont soit des africains soit des Français d'origine africaine. Un aussi grand potentiel, en nombre et en qualité, devrait avoir conscience de son poids et de ses capacités à faire face au racisme, ce qui n'est pas le cas actuellement", a regretté Diouf. Pape Diouf, premier et seul dirigeant d'origine africaine à avoir présidé un club européen, a notamment reproché aux joueurs africains, leur ''mutisme'' vis à vis du racisme dont ils sont victimes. Il a cité comme exemple l'attitude du Malien Cheikh Diabaté, l'attaquant de Bordeaux, qui a fêté son but "avec une accolade donnée à son entraîneur Willy Sagnol", le lendemain de déclarations discriminatoires à l'encontre des joueurs africains données par le coach bordelais. "J'aurais souhaité que les joueurs africains se solidarisent après les propos racistes de Sagnol. Imaginez si ces joueurs avaient boycotté un match de championnat en signe de contestation. Je suis persuadé que la journée n'allait pas avoir lieu vu le nombre impressionnant de ces joueurs dans cette épreuve", a encore dit Diouf. Pas de postes en sélections de France pour les Africains L'ancien président du club phocéen (2004-2009) a en outre critiqué la position des clubs français en particulier et européens en général qui font souvent du chantage à leurs protégés lorsque ces derniers sont conviés par les sélections de leurs pays respectifs pour participer à une coupe d'Afrique des nations, appelant les Fédérations des pays concernés "d'exercer pleinement leurs droits que leur attribue dans ce registre la Fédération internationale de football". Dans la foulée, Diouf a estimé que la majorité des joueurs d'origine africaine qui répondent favorablement à la convocation des sélections de leurs pays d'origine le font "après qu'ils perdent tout espoir d'être appelés en équipe de France". "Rares sont les joueurs qui rejoignent les sélections de leur pays d'origine par conviction, et je peux citer à ce titre le cas de Yacine Brahimi qui, tout en sachant avoir le profil de jouer pour les Bleus, a opté pour l'Algérie", a encore dit Diouf. Il reste toutefois convaincu que même si l'équipe de France ouvre ses portes pour les joueurs d'origine africaine, ces joueurs font l'objet de discrimination lorsqu'il s'agit pour eux de postuler à de hauts postes techniques au sein des sélections de France une fois avoir arrêté leurs carrières de joueurs. Il a étayé ses dires par l'exemple de Jean Tigana, un ancien international français d'origine africaine à qui l'on a refusé le poste de sélectionneur de France "à cause de ses origines noires", a dénoncé Diouf.