L'ancien président de l'Olympique de Marseille, Pape Diouf, a appelé mercredi à Alger les footballeurs africains de la Ligue 1 française à "prendre conscience de leurs poids" pour combattre le racisme dont ils font l'objet dans les stades. "Je suis vraiment déçu par l'attitude des joueurs africains évoluant en Ligue 1 et qui ne font rien pour combattre le racisme dont ils font l'objet, alors qu'ils ont des atouts énormes pour riposter à ce fléau et à l'injustice qui en découle", a déclaré Diouf à la presse à l'issue de la conférence-débat sur ''la violence dans les stades'' organisée à l'hôtel Aurassi par le quotidien sportif ''El Khabar Erriadi''. "Les statistiques disent qu'environ 40% des joueurs exerçant en Ligue 1 sont soit des africains soit des Français d'origine africaine. Un aussi grand potentiel, en nombre et en qualité, devrait avoir conscience de son poids et de ses capacités à faire face au racisme, ce qui n'est pas le cas actuellement", a regretté Diouf. Pape Diouf, premier et seul dirigeant d'origine africaine à avoir présidé un club européen, a notamment reproché aux joueurs africains, leur ''mutisme'' vis à vis du racisme dont ils sont victimes. Il a cité comme exemple l'attitude du Malien Cheikh Diabaté, l'attaquant de Bordeaux, qui a fêté son but "avec une accolade donnée à son entraîneur Willy Sagnol", le lendemain de déclarations discriminatoires à l'encontre des joueurs africains données par le coach bordelais. "J'aurais souhaité que les joueurs africains se solidarisent après les propos racistes de Sagnol. Imaginez si ces joueurs avaient boycotté un match de championnat en signe de contestation. Je suis persuadé que la journée n'allait pas avoir lieu vu le nombre impressionnant de ces joueurs dans cette épreuve", a encore dit Diouf. Pas de postes en sélections de France pour les Africains L'ancien président du club phocéen (2004-2009) a en outre critiqué la position des clubs français en particulier et européens en général qui font souvent du chantage à leurs protégés lorsque ces derniers sont conviés par les sélections de leurs pays respectifs pour participer à une coupe d'Afrique des nations, appelant les Fédérations des pays concernés "d'exercer pleinement leurs droits que leur attribue dans ce registre la Fédération internationale de football". Dans la foulée, Diouf a estimé que la majorité des joueurs d'origine africaine qui répondent favorablement à la convocation des sélections de leurs pays d'origine le font "après qu'ils perdent tout espoir d'être appelés en équipe de France". "Rares sont les joueurs qui rejoignent les sélections de leur pays d'origine par conviction, et je peux citer à ce titre le cas de Yacine Brahimi qui, tout en sachant avoir le profil de jouer pour les Bleus, a opté pour l'Algérie", a encore dit Diouf. Il reste toutefois convaincu que même si l'équipe de France ouvre ses portes pour les joueurs d'origine africaine, ces joueurs font l'objet de discrimination lorsqu'il s'agit pour eux de postuler à de hauts postes techniques au sein des sélections de France une fois avoir arrêté leurs carrières de joueurs. Il a étayé ses dires par l'exemple de Jean Tigana, un ancien international français d'origine africaine à qui l'on a refusé le poste de sélectionneur de France "à cause de ses origines noires", a dénoncé Diouf.