«Après les supporters et les joueurs racistes, le football français est désormais contaminé par des entraîneurs racistes», c'est l'avis des professionnels africains. La polémique Sagnol gagne du terrain. Ce n'est pas la première salve contre les Africains. La polémique n'en finit plus d'enfler. L'entraîneur des Girondins de Bordeaux Willy Sagnol croyait s'entourait de ses semblables pour en faire une force qui détruirait les joueurs africains. Ce n'est qu'un coup d'épée dans l'eau. Ses excuses faites avant sa conférence de presse de ce jeudi en son nom par son président n'ont pas convaincu. La violence raciale de ses propos bien qu'il soit soutenu par Nicolas de Tavernost, propriétaire du club, mais aussi celui de Thierry Braillard, secrétaire d'Etat aux Sports, ou encore de Bernard Tapie ne baisse pas d'intensité. Ce jeudi face aux médias, il dira sous un ton de grand comédien, «je suis désolé si j'ai choqué, blessé ou humilié des personnes. C'était un débat sportif nullement politique...» Et d'ajouter «une équipe de football, c'est comme la vie, comme la France c'est un mélange... Si par mon manque de clarté et ma sémantique imparfaite, j'ai pu faire que des personnes se soient senties choquées, humiliées ou blessées, j'en suis désolé», dit-il. «L'interprétation que ces personnes ont pu faire ne reflète en rien la pensée qui était mienne et surtout mes convictions humanistes. Lorsque je parle d'intelligence, je faisais allusion à l'intelligence tactique, à leur formation qui est limitée par le fait qu'ils ne disposent pas de moyens de formation et de moyens financiers». Dans cette conférence de presse, les observateurs s'attendaient à des excuses mais ils n'ont eu droit qu'à des explications, ce qui n'a pas convaincu. Des déclarations loin de le mettre à l'abri, loin de le dédouaner. Dans une tribune signée dans le journal, «Le Monde», l'ancien président de l'OM Pape Diouf serait le premier après les Médias internationaux à montrer du doigt cet entraîneur comme un anti-Africain. Il appelle l'ensemble des joueurs africains de la Ligue 1 «à ne pas courber l'échine» devant de pareils individus. Pour le président des Girondins Jean-Louis Triaud et du secrétaire d'Etat aux sports, Thierry Braillard, sont le fruit d'une simple maladresse. Quelle belle et formidable diplomatie déployée par ces messieurs pour minimiser les dégâts. Le président du Conseil représentatif des Associations noires (Cran), a réagi et adressé «un carton rouge à Sagnol, aux Girondins, à la Fédération française de football et au secrétaire d'Etat aux sports, M. Braillard». Dans un communiqué diffusé le 6 novembre, cette association rappelle que le racisme n'est pas une maladresse mais un délit. Les auteurs de propos racistes sont soutenus par nos dirigeants. C'est le cas de Laurent Blanc, l'actuel entraîneur du PSG et défenseur de quotas anti-noirs en 2011. Quant à Willy Sagnol, il a été défendu par son club, M. Le Graët, président de la FFF et par le secrétaire d'Etat aux sports, Thierry Braillard, qui y voient tous deux, une «simple maladresse». Pour le président du Conseil représentatif des Associations noires, «Sagnol ne se contente pas d'avoir des préjugés racistes contre les Africains, il affirme lui-même qu'il discrimine. Il est sans doute nordique, mais je ne trouve pas qu'il a une bonne mentalité», a commenté Louis-Georges Tin. «Comme quoi, on peut être nordique et idiot», a ajouté le président du Cran. Dans ces conditions, nous soutenons l'appel à la grève proposé par Pape Diouf, et nous entendons saisir les instances de l'UEFA et de la FIFA pour que des sanctions exemplaires soient prononcées contre le raciste «nordique». L'ancien président de l'Olympique de Marseille Pape Diouf, regrette notamment que «cette sortie soit inscrite dans l'ordre normal de l'époque», fustigeant plus encore le communiqué de soutien du club, dans lequel, il voit «une singulière et nauséabonde complicité entre un club et son entraîneur.» Dans cet article, il invite les joueurs africains à ne pas «courber l'échine» et souhaite même une réponse forte : «Une seule manière de casser cette routine que tous les joueurs issus d'Afrique se donnent le mot et décident de ne pas prendre part à une prochaine journée de championnat.» Un appel plein de sens et aussi un sérieux avertissement à ceux qui continuent de porter atteinte à la dignité des joueurs africains, les ambassadeurs de ce continent.