La mise en œuvre d'une stratégie nationale de rationalisation de la consommation énergétique et de diversification des sources d'énergie est aujourd'hui nécessaire, a estimé mercredi à Souk Ahras, Abdelmadjid Attar, ex-PDG de Sonatrach. M. Attar, qui fut également ministre des Ressources en eau, a d'abord rappelé, au cours d'une conférence à l'université Mohamed-Cherif Messaâdia, le débat actuel autour de ce qui est nommé "les hydrocarbures non conventionnels". Tandis que certains considèrent que ces hydrocarbures non conventionnels sont une ressource énergique à la place des hydrocarbures conventionnels, d'autres, en revanche, estiment qu'ils représentent une menace sur les ressources en eau et l'environnement, a-t-il indiqué. "Alors, faut-il croire que ces nouveaux hydrocarbures, et plus précisément le gaz de schiste, sont la clef de la transition énergétique, ou faut-il en avoir peur et les rejeter ?", s'est-il interrogé avant de puiser dans les statistiques de Sonatrach pour rappeler que le potentiel ultime en hydrocarbures non conventionnels serait entre 25.000 et 140.000 milliards de m3 de gaz naturel, et 30 milliards de tonnes de pétrole. Au même moment, les chiffres officiels ou dûment publiés annoncent que les réserves prouvées restant à produire à partir des gisements existants sont de 2,5 milliards de tonne-équivalent pétrole, condensat et GPL (dont seulement 65% prouvés) et 4.500 milliards de m3 de gaz naturel dont seulement 53% prouvés. S'agissant des chiffres avancés par Sonatrach au sujet des hydrocarbures non conventionnels, M. Attar a estimé qu'il s'agit d'une estimation "tout à fait acceptable au point de vue théorique (…), mais reste extrêmement sensible à deux paramètres critiques impossibles à déterminer actuellement : le degré de récupération technique et la rentabilité". Toutefois, évoquant les grands challenges économiques auxquels fait face le pays, l'ex-premier responsable de Sonatrach s'est dit favorable à l'exploitation du gaz schiste au Sahara dans le cadre d'une "stratégie globale de diversification des ressources énergétiques". Il a également estimé nécessaire l'engagement d'un débat avec la société civile et les associations écologiques sur l'exploitation de ce gaz qui est actuellement, a-t-il rappelé, au stade de l'exploration, de l'évaluation des réserves et du calcul des coûts. La chute actuelle des cours du pétrole concerne les pays producteurs et les pays consommateurs, a encore estimé le même expert, qui a indiqué s'attendre à "une augmentation du prix à 70 dollars le baril au cours du second semestre 2015". En cas de poursuite de la chute des cours, "cela se répercutera dès 2016 sur l'économie algérienne, alors que le déficit durant 2015 sera épongé par le Fonds de régulation des recettes", a également considéré M. Attar au cours de cette rencontre organisée par la faculté des Sciences économiques et commerciale et de gestion. "Même lorsque les cours du pétrole auront grimpé à 70 dollars, le pays devra maintenir sa politique de rigueur budgétaire et poursuivre ses investissements", a souligné M. Attar qui a mis aussi l'accent sur les alternatives que représentent le secteur agricole et les énergies renouvelables. Le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, avait affirmé, mardi à Mascara, que le gouvernement est actuellement en phase d'évaluation et d'étude technico-économique du projet d'exploitation du gaz de schiste. "Le gouvernement n'a pris à ce jour aucune décision définitive concernant l'exploitation du gaz de schiste et effectue actuellement une évaluation technico-économique de ce projet", avait-il souligné dans une déclaration à la presse.