La wilaya d'Alger a adressé récemment des mises en demeure aux unités industrielles responsables de la pollution du lac de Réghaïa, a indiqué lundi le secrétaire général du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, Fodhil Ferroukhi. "Le Lac de Réghaïa subit actuellement une forte pression due à l'extension urbaine et aux unités industrielles implantées autour de cette zone humide", a noté M. Ferroukhi lors d'un point de presse en marge de la cérémonie de célébration de la journée mondiale des zones humides. Il a indiqué, à cet effet, que les pouvoirs publics avaient établi un diagnostic et pris des dispositions nécessaires. La wilaya d'Alger a ainsi enjoint aux usines polluantes de réaliser des stations d'épuration des leurs rejets industriels. Plus de 200 unités industrielles sont implantées autour de cette zone humide dont une cinquantaine déversent leurs rejets directement dans le lac, selon le directeur général des Forêts (DGF) Mohamed Seghir Noual. De surcroît, l'eau de ce lac a été utilisée, pendant longtemps, dans l'irrigation des terres jouxtant cet écosystème. "La situation ne doit pas continuer comme ça. Des dispositions doivent être prises pour que la règlementation soit appliquée rigoureusement", a martelé M. Ferroukhi. Il a évoqué, dans ce contexte, l'élaboration en cours d'une stratégie intersectorielle pour faire face aux menaces qui pèsent sur certaines zones. Des ateliers seront organisés prochainement avec la communauté scientifique, la société civile et les différents secteurs concernés pour vulgariser cette stratégie, a indiqué pour sa part, Ghania Bessah, sous directrice chargée de la protection des aires protégées à la DGF. "L'objectif final de cette stratégie est d'arriver à un schéma de gouvernance de ces zones humides où tous les secteurs seront représentés y compris les unités industrielles", selon la même responsable. Les spécialistes plaident aussi pour l'intégration de ces espaces naturels dans les schémas nationaux d'aménagement de territoire. Si le lac de Réghaïa est menacé par les rejets industriels, d'autres zones humides subissent d'autres dégradations causées par l'Homme les rejets de boues extraits du dragage des barrages et l'exploitation illicite de carrières ce qui dénature ces zones et bouleverse le fonctionnement de leurs écosystèmes. Quelque 3.000 oiseaux d'eau fréquentent mensuellement le lac de Réghaïa qui accueille en moyenne 47 espèces locales et migratrices d'oiseaux chaque année, selon les statistiques du Centre cynégétique, qui enregistre une fréquentation de plus en plus grande du site par les oiseaux d'eau migrateurs. Composé de cinq écosystèmes (marin, marécageux, dunaire, lacustre et forestier), le lac de Réghaïa s'étend sur une superficie de 1.575 hectares: 900 ha en mer, 600 ha de forêt et d'un plan d'eau douce de 75 ha. Il est riche d'une faune constituée de 206 espèces d'oiseaux (flamant rose, canard souchet, col vert, bécassine,…), de 21 espèces de mammifères (chacal, genette, sanglier, renard famélique, etc.), de 12 espèces de poissons, de 170 espèces d'invertébrés (insectes, arachnides…) et de 71 espèces de reptiles et d'amphibiens. Sa richesse floristique est composée de 233 espèces de plantes inventoriées et de 25 espèces de flore marine. La journée mondiale des zones humides est célébrée cette année sous le thème: "les zones humides pour notre avenir". Actuellement, l'Algérie compte 50 sites classés sur la liste Ramsar des zones humides d'importance internationale.