Le Mali vient de franchir un grand pas vers le rétablissement de la paix, place maintenant à un autre défi celui de tenir des élections communales, régionales et du district de Bamako prévues le 26 avril prochain, un événement électoral qui devrait consacrer le retour à la normalité constitionnelle. L'élection des conseillers communaux, des conseillers régionaux et du District de Bamako constitue un pan important pour boucler le processus électoral en cours, et contribuer à la restauration de la paix et la démocratie locale. Ainsi, le décret portant convocation du collège électoral a été adopté par le Conseil des ministres du 18 février 2015. Cette échéance électorale suscite beaucoup d'engouement et interpelle les autorités à plus d'un titre: Réussir de la décentralisation et de la régionalisation, garantir la plus grande representativité de la femme et la société civile, mais aussi consacrer le respect des droits de l'homme et la lutte contre l'impunité et surtout l'apaisement de la situation sécuritaire au nord. Selon le conseil, le renouvellement des mandats des conseillers des collectivités territoriales doit intervenir tous les cinq ans. Les mandats en cours devant expirer le 26 avril 2014 ont fait l'objet de deux prolongations de six mois en 2014. La prorogation les mandats des collectivités territoriales étant limitée à deux, il devient impératif d'organiser des élections des conseils des Collectivités territoriales au terme de la seconde prorogation. Le Conseil prévoit à cet effet l'organisation des élections de proximité par excellence au courant du premier semestre 2015. Aussi, suivant les dispositions du décret, la campagne électorale est ouverte le vendredi 10 avril à 0 heure. Elle est close le vendredi 23 avril 2015 à minuit. Cependant dans certains milieux politiques, même si un report éternel n'est pas souhaitable, organiser des élections dans le contexte actuel, sans d'autres parties du Mali, ne serait pas souhaitable pour des raisons sécuritaires. Et les défis à relever sur le plan politique sont à la hauteur des craintes exprimées par la classe politique. -- Réussite de la décentralisation et de la régionalisation-- La décentralisation poussée est l'une des options soutenues par le gouvernement malien en vue d'une sortie de crise dans le pays où sévissent des groupes rebelles qui réclament l'autonomie pour les régions nord. La régionalisation vise notamment à renforcer la légitimité des élus régionaux et à accroitre leur maîtrise du développement de leurs territoires. A ce titre, il a été retenu d'introduire un mode de scrutin direct pour l'élection des organes délibérants et exécutifs de la Commune, de la Région et du District de Bamako. Il sera question donc d'élire des Présidents de Collectivités au suffrage universel direct, en plus des Maires, "une première", a déclaré la Mission multidimentionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) qui rassure qu'elle allait apporter son soutien à ces scrutins prévus pour cette année. --Plus grande représentativité des femmes et de la société civile-- Les femmes représentent 50, 4% de la population du Mali. Elles sont très actives dans la vie économique et sociale. Cependant, elles restent encore très peu représentées au niveau du Gouvernement, dans les postes de décision de l'Administration, à l'Assemblée Nationale et dans les organes élus des collectivités. Aujourd'hui elles sont au nombre de trois sur un total de vingt-neuf membres du Gouvernement soit 10 %, 14 femmes sur 147 députés à l'Assemblée Nationale soit environ 10%, et 927 femmes sur 10.774 conseillers communaux soit moins de 10%, zéro femme gouverneur sur 8, les cabinets ministériels sont constitués de moins de 10% de femmes. Cette sous représentation de la femme est également palpable au niveau de plusieurs autres instances de décision, malgré l'existence d'un grand nombre de femmes qualifiées et répertoriées notamment dans le répertoire des femmes cadres du Mali. Elle est en deçà avec l'engagement politique des autorités et de plusieurs instruments nationaux et internationaux visant à défendre et à promouvoir les droits des femmes. Il est établi selon la Déclaration de Bamako adoptée le 3 novembre 2000 qu'un processus n'est "crédible" que si tous les acteurs et groupes cibles concernés le comprennent, ça va de soi pour la société civile. Il s'agit, in fine, de combler la faiblesse de financement qui ne permet pas aux organisations de la société civile malienne de véritablement jouer leurs rôles. Ces prochaines éléctions sont perçues comme un défi à relever par Bamako qui a franchi un grand pas vers la paix à la faveur de la signature dimanche à Alger d'un accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Les parties maliennes au dialogue pour le règlement de la crise dans la région nord du Mali ont paraphé cet accord à Alger sous la supervision de la médiation internationale, présidée par l'Algérie, en tant que chef de file. La Coordination des mouvements de l'Azawad, qui regroupe plusieurs mouvements armés, demande néanmoins un délai supplémentaire pour consulter sa base. "Nous n'avons pas adhéré à des compromissions mais à des compromis de nature à sauver l'essentiel", a déclaré le Premier ministre malien, Modibo Keïta, devant des membres de la classe politique et des représentants de la société civile maliens, selon la presse malienne. Les citoyens maliens dans l'ensemble, considèrent que c'est un bon document, puisque le texte rejette l'idée de partition du pays, mais aussi parce qu'ils sont fatigués d'une situation de conflit qui a trop duré. Selon eux, il fallait accepter cette proposition d'accord de paix pour aller de l'avant. Fruit d'une négociation longue et intense, le document a été négocié à travers cinq rounds de dialogue entamé depuis juillet 2014 à Alger. Il comporte un Accord pour une paix globale et durable garantissant une solution définitive à la crise qui affecte le nord du Mali.