Les autorités maliennes ont décidé de passer outre les négociations en cours avec les Touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et tenter de récupérer par la force Kidal afin de réinstaller leur administration au nord du pays. Pour permettre la tenue des élections dans cette ville, le président burkinabé, Blaise Compaoré, médiateur de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) dans la crise au Mali avait entamé des discussions avec les différentes parties. Mais, des affrontements ont opposé mercredi des rebelles Touareg du MNLA à des soldats maliens dans la région d'Anefis, localité située au sud de Kidal, ville du nord du Mali contrôlé par le mouvement rebelle depuis fin janvier et refuse, depuis, la présence de l'armée et de l'administration maliennes dans la ville, compromettant la tenue dans tout le pays du premier tour de l'élection présidentielle prévue le 28 juillet. Les combats ont déjà fait dix morts dans les rangs du MNLA et deux soldats blessés dans les rangs de l'armée malienne, avait affirmé le porte-parole de l'armée malienne, Souleymane Maïga. Le vice-président du MNLA, Mahamadou Djeri Maïga a, tout en confirmant les attaques par l'armée malienne de leurs positions à Anefis, déploré la situation. "Nous n'avons jamais voulu régler la situation par la guerre mais, comme c'est ainsi, nous allons nous défendre jusqu'au bout", a-t-il souligné, appelant le médiateur Bourkinabé à "amener les autorités maliennes à la raison". Pour lui, "le Mali a décidé ce matin de régler la situation par la guerre et le gouvernement malien en assumera toutes les conséquences", a-t-il déclaré depuis Ouagadougou où il se trouvait pour des négociations avec Tiébilé Dramé, émissaire du gouvernement de transition malien, sous l'égide de la médiation burkinabé. Cette offensive n'arrange rien à la situation qui prévaut au Mali dont les autorités avaient décidé de reconduire l'état d'urgence jusqu'au 5 juillet, veille de l'ouverture de la campagne électorale en vue de l'élection présidentielle, dont le premier tour est fixé au 28 juillet prochain. C'est pour la troisième fois que le gouvernement malien proroge l'état d'urgence, et ce à l'issue d'un conseil extraordinaire des ministres, tenu mardi à Bamako. En dépit de la libération de la quasi-totalité des régions occupées, "il existe toujours des poches d'insécurité et des menaces continuent à peser sur l'ordre public et sur le retour définitif de la paix sociale", avait souligné un communiqué du conseil extraordinaire des ministres. Pour les observateurs, le recours à la force des autorités maliennes risque de faire capoter le processus électoral dans le nord du pays. Les forces maliennes "continuent leur progression" en direction de Kidal, a déclaré le lieutenant-colonel Maïga à la presse. "Mais je ne peux pas confirmer qu'elles prendront Kidal aujourd'hui", a-t-il ajouté. Un bataillon de l'armée malienne commandé par le colonel El Hadj Ag Gamou, Touareg resté loyal à l'armée malienne, serait à quarantaine de kilomètres de Kidal, selon les agences de presse qui affirment au passage et selon des témoins que les éléments du MNLA auraient fui la ville. Si cela devenait réalité, cela confirmerait les vues du ministre malien de l'Administration territoriale, de la Décentralisation et de l'Aménagement du territoire, le colonel Moussa Sinko Coulibaly, qui résumait l'organisation des élections à la mise en place du matériel et de la logistique qui selon lui sont disponibles à Bamako et dans cinq régions du pays. "Le recensement est fini, la production des cartes NINA (ou cartes d'électeurs) en cours, le matériel et la logistique sont disponibles dans le district de Bamako et dans cinq régions plus une partie de la région de Mopti (centre du pays). L'administration a été formée. La formation des équipes de remise de la carte NINA est en cours", a dit M. Coulibaly dans un communiqué rendu public mardi.