Le président yéménite Abd Rabbo Mansour, installé à Aden (sud), a tenu mercredi une réunion avec des membres du gouvernement démissionnaire dans une nouvelle tentative de mettre un terme à la crise politique et sécuritaire qui secoue le pays. Dans la foulée des troubles menés par les milices chiites houthies qui contrôlent la capitale Sanaa depuis septembre 2014, refusent tout dialogue avec les autorités et qui continuent de contrôler plusieurs villes du pays, le président Hadi poursuit ses consultations avec les membres du gouvernement qui a démissionné en janvier dernier, avec l'aide des pays du Golfe. Ces derniers ont accepté récemment de parrainer à Ryadh une conférence de sortie de crise au Yémen, pays voisin qui a sombré dans le chaos après le coup de force de la milice chiite des Houthis. La conférence sera convoquée à la demande du président Hadi, qui s'est installé à Aden, dans le sud du Yémen, après avoir fuit la capitale Sanaa où il était assigné à résidence par les Houthis, selon l'agence officielle Spa. Pour le moment aucune daté n'a été avancée pour la tenue d'une telle réunion. "Le secrétariat général du Conseil de coopération du Golfe (CCG) va prendre les dispositions nécessaires" pour cette conférence demandée par le président Hadi dans un message adressé au roi Salmane d'Arabie saoudite. Dans son message, publié par l'agence Spa, M. Hadi propose une conférence à Ryadh à laquelle seront conviées "toutes les parties politiques yéménites désireuses de préserver la sécurité et la stabilité du Yémen". La conférence devra "rejeter le coup d'Etat" des Houthis le 6 février à Sanaa, et exiger qu'ils "restituent les armes et les équipements militaires" dont ils se sont emparés et que "l'Etat recouvre son autorité sur l'ensemble du territoire", a expliqué le chef de l'Etat. L'objectif de la rencontre est de favoriser "une reprise du processus politique", entamé après le départ en février 2012, sous la pression de la rue, de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, et entravé l'an dernier par la montée en puissance des Houthis, selon M. Hadi. Cette milice, confinée initialement à Saada, son fief dans le nord du Yémen, a lancé en 2014 une offensive militaire d'envergure qui lui a permis d'entrer en septembre à Sanaa avant de pousser en janvier le chef de l'Etat et son gouvernement à la démission. Elle a couronné son coup de force par l'annonce le 6 février de la dissolution du Parlement et l'installation de nouvelles instances dirigeantes. A l'instar du président Hadi, réfugié à Aden depuis début février d'où il a repris ses activités, le ministre démissionnaire de la Défense, le général Mahmoud al-Soubeihi, a réussi ce weekend à fuir la capitale pour le Sud du pays, faisant défection aux Houthis qui l'avaient nommé président de la haute commission de sécurité. Considérant que "Sanaa étant sous occupation des Houthis", M. Hadi avait proposé début mars que le dialogue national sur une sortie de crise, parrainé par l'ONU, se tienne dans la capitale saoudienne. Par ailleurs, plusieurs pays du Conseil de coopération du Golfe ont, dans le sillage de l'Arabie saoudite, transféré leur ambassade de Sanaa à Aden pour des raisons de sécurité. -La conférence de Ryadh saluée par la Ligue arabe La Ligue arabe, qui a son siège au Caire, a accueilli favorablement la proposition d'une conférence à Ryadh et exprimé sa solidarité avec le ministre yéménite des Affaires étrangères Abdallah al-Saïdi assigné à résidence. L'organisation panarabe "exige la levée de cette assignation à résidence pour qu'il puisse remplir ses fonctions patriotiques et nationales sous l'autorité légitime du président Hadi", selon un communiqué publié par la Ligue arabe lundi à l'issue d'une réunion des ministres arabes des Affaires étrangères. Par ailleurs, l'Iran, préoccupé par la situation explosive au Yémen, a mis en garde mardi contre une "désintégration" du Yémen. "Sanaa est la capitale officielle et historique du Yémen et ceux qui à Aden soutiennent la désintégration ou la guerre civile (au Yémen) seront responsables des conséquences", a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian. "Le président démissionnaire du Yémen aurait mieux fait de rester à Sanaa et conserver sa lettre de démission pour ne pas entraîner ce pays dans la crise", a-t-il ajouté, en affirmant que Téhéran "soutient l'unité, l'indépendance et un dialogue national large au Yémen". Sure le terrain, les violences continuent: Mardi , quatre membres des services de sécurité ont été tués dans une série d'attaques dans le sud et le sud-est du Yémen, ont indiqué des sources policières, en attribuant l'une de ces attaques à Al-Qaïda. Parmi les morts, un officier du renseignement abattu par balles à Al-Qatn, Les attaques contre les forces de sécurité sont fréquentes dans le sud et le sud-est du Yémen depuis la prise de la capitale Sanaa, par les Houthis.