Le président Abd Rabbo Mansour Hadi a proclamé samedi soir Aden comme capitale du Yémen même si son autorité est contestée dans cette ville du sud par un service de police soupçonné de liens avec les miliciens chiites houthis. La déclaration du président yéménite n'a toutefois qu'une portée symbolique car un changement de capitale nécessite une révision de la Constitution qui indique toujours que Sanaa est la capitale du Yémen. La puissante milice des Houthis a pris le contrôle total de Sanaa en janvier dernier, et M. Hadi, considéré toujours comme le président légitime par la communauté internationale, a fui la capitale le 21 février pour Aden, un fief de ses partisans. Depuis son installation à Aden, il y multiplie les rencontres politiques et des pays du Golfe ont transféré leurs ambassades à Aden. Mais les Etats-Unis qui ont fermé leur chancellerie comme d'autres Occidentaux à Sanaa, ont indiqué ne pas avoir l'intention, pour le moment, de la transférer à Aden. Aden est devenue la capitale du Yémen du moment que Sanaa est sous occupation des Houthis, a déclaré, selon l'un de ses assistants, M. Hadi, devant une délégation de dignitaires du Hadramout (sud-est). Il a affirmé que les régions du sud et du centre du pays le soutenaient, mais pas encore celles du nord sous contrôle des Houthis. Il faisait allusion à la région d'Azal qui comprend les provinces nordistes de Sanaa, Omrane et Saada. Nous allons dialoguer avec eux mais nous leur disons qu'Aden est devenue la capitale du moment que Sanaa est sous occupation des Houthis, a-t-il insisté. Le projet de Constitution, rejeté par les Houthis, prévoit un Yémen fédéral de six régions, quatre dans le nord et deux dans le sud.
Fronde de policiers Le président yéménite doit toutefois faire face dans le fief de ses partisans qu'est Aden à la fronde de policiers liés à l'ancien président Ali Abdallah Saleh et aux Houthis. Une vive tension régnait en effet dans cette ville où les forces spéciales de sécurité, soupçonnées de liens avec les Houthis, se préparaient à un assaut éventuel lancé par des paramilitaires fidèles à M. Hadi. Le commandant de ces forces spéciales, Abdel Hafez al-Saqqaf, a rejeté un décret de M. Hadi de le limoger, et affirmé qu'il ne quitterait son poste que sur ordre de Sanaa sous contrôle des Houthis, a indiqué l'un de ses adjoints. Ses hommes ont coupé dès le matin les routes menant à leur QG, près de l'aéroport international d'Aden. Ils ont érigé des barricades disant craindre un assaut des membres des Comités populaires de résistance, des supplétifs de l'armée fidèles à M. Hadi.
Fuite par un tunnel Revenant sur les circonstances de sa fuite de Sanaa où il était assigné à résidence par les Houthis, M. Hadi a révélé être sorti de sa résidence par un tunnel menant à la maison attenante de l'un de ses fils et avoir emprunté ensuite des routes secondaires jusqu'à arriver à Aden. Il a aussi détaillé les exigences des Houthis après leur entrée le 21 septembre à Sanaa. Selon lui, ils ont exigé 135 nominations des leurs dans de hautes fonctions, dont celle de l'un de leurs dirigeants, Saleh al-Sammad, au poste de vice-président. Ils ont voulu également intégrer 35 000 combattants houthis dans l'armée et 25 000 autres dans la police, a-t-il ajouté devant des représentants de la société civile du sud du Yémen. M. Hadi a en outre accusé l'ex-président Saleh d'avoir demandé à l'Iran de pousser les Houthis à collaborer avec lui pour prendre Sanaa et affirmé que 1 600 des partisans des miliciens chiites sont actuellement formés dans les écoles religieuses iraniennes de Qom. L'Iran a démenti tout soutien aux Houthis.