Vingt-trois (23) personnes, en majorité des fonctionnaires du ministère des Travaux publics et de consortiums étrangers, poursuivis pour corruption dans l'affaire de l'autoroute Est-ouest et autres projets de travaux publics et de transports à Alger, comparaissent demain mercredi devant le tribunal criminel près la cour d'Alger. Parmi les accusés, quatre ont été arrêtés, dix en liberté et deux en état de fuite. Selon l'arrêt de renvoi, sont mis en cause également sept sociétés et consortiums étrangers (Chine, Suisse, Japon, Portugal, Espagne, Canada et Italie). Ils doivent répondre des griefs d'"association de malfaiteurs, abus de pouvoir, corruption et blanchiment d'argent". Les accusés sont aussi poursuivis pour "non respect de la règlementation relative aux change et mouvement des capitaux de et vers l'étranger" et de "dilapidation de deniers publics". Selon la même source, les accusés avaient reçu des pots-de-vin en dollars et en euro versés par des compagnies étrangères qui voulaient obtenir, par des "moyens détournés", les marchés dans les secteurs des travaux publics et transports. Il s'agit des projets de réalisation de l'autoroute Est-ouest, le projet du barrage de Kef Eddir dans la wilaya de Tipasa, des projets de tramways et enfin des projets d'ascenseurs à Constantine, Tlemcen, Skikda et Oued Qoreich (Alger). Toujours selon l'arrêt de renvoi, ces sociétés à leur tête le groupe chinois "CITIC-CRCC", et avec la complicité du principal accusé, l'homme d'affaires Ch. M, versaient d'importantes sommes d'argent à des responsables du ministère des Travaux publics pour décrocher les marchés. Ch. M. avait permis au groupe chinois de bénéficier "illicitement" de facilités administratives avec le ministère des Travaux publics en faisant valoir ses relations avec des responsables dudit ministère. Il usait également de son influence sur les différents opérateurs algériens et étrangers (le consortium japonais Cojjal, canadien SMINC, la société suisse Caraventa.SA, le groupe espagnol ISOLUX Corsan, et le consortium italien Pizarrotti et la société portugaise COBA). D'autre part, A. Sid Ahmed et H. Salim, hauts responsables au ministère des Travaux publics, percevaient des pots-de-vin par les consortiums Pizarrotti, ISOLUX Corsan, SMINC et les sociétés Caraventa et COBA, selon l'enquête. En 2006, le marché pour la réalisation de l'autoroute Est-ouest a été attribué au groupe chinois "CITIC-CRCC", avec un coût de 6 milliards de dollars. Le projet s'étend sur 1 700 km avec un coût de 8 millions d'euros par kilomètre dont 1300 km destinés à la construction de 400 échangeurs, des rocades, des viaducs, 400 ouvrages d'art, 17 trémies et 350 aires de repos. Avant de déférer l'affaire au tribunal criminel, la défense a interjeté appel auprès de la Cour suprême en vue d'une décriminalisation de l'affaire. Un appel qui sera rejeté.