La torture a été adoptée en Algérie par les décideurs de la France coloniale comme "méthode institutionnalisée et agréée tacitement", ont affirmé les participants une rencontre internationale sur "Les pratiques répressives et politiques coloniales françaises en Algérie 1830-1962 : cas de la torture", ouverte lundi à Oran, en présence du ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni. Pendant la guerre de libération nationale, de nombreuses formes de pratiques répressives, dont la torture, ont augmenté de fréquence, d'intensité et de violence de manière significative, ont-ils évoqué lors de cette rencontre de deux jours, organisée à l'initiative du ministère des Moudjahidine. "Au-delà des images d'une Algérie triomphante et libre, les Algériens se souviennent aussi des affres subies durant 132 ans de colonisation française. Plus de 50 ans après le recouvrement de l'indépendance, la mémoire des Algériens est toujours vive, sur les exactions, la répression, le génocide et la torture érigée en système que la France coloniale a fait subir aux Algériens", ont-ils souligné. "Cette violence, physique et morale, contraire aux conventions internationales, que les Algériens ont subi a été nourrie par un système juridique extrêmement répressif mis en place par les théoriciens de la pensée coloniale et utilisée sans réserve, ni retenue par les forces françaises coloniales présentes en Algérie, notamment entre 1954 et 1962" ont-ils relevé. Les conférenciers ont indiqué, par ailleurs, que 60 ans après le déclenchement de la guerre de libération nationale et, au bout, le recouvrement de l'indépendance, la question de la torture reste toujours d'actualité, notamment chez l'opinion publique des deux rives. D'aucuns pensent en effet, que les nombreux témoignages de torturés et de bourreaux, les études et recherches historiques menées par des spécialistes des deux pays sur ce sujet "très délicat" ont contribué à briser ce tabou. De plus, "la pratique de la torture ne s'est pas limitée aux simples témoignages des uns et des autres, sous l'oeil attentif des historiens et chercheurs, mais fait l'objet d'œuvres d'art au cinéma, à la télévision et dans la littérature", ont-ils fait remarquer. Pour les spécialistes, cette rencontre internationale focalise sur la valorisation de la mémoire historique sous le prisme de la science et de l'objectivité. Des chercheurs d'universités de France, de Belgique, du Koweït, de Tunisie, du Maroc et de plusieurs universités du pays animeront des conférences sur des sujets divers abordant, entre autres, "les crimes et pratique de la torture du colonialisme français et l'utilisation d'armes de destruction massive en Algérie", "les résistances internationales à la pratique de la torture durant la guerre de libération nationale", "le discours français vis-à-vis de la question de la repentance" et "la torture dans les mémoires et témoignages de bourreaux français : cas de Paul Aussaresses". Cette rencontre internationale est organisée par le ministère des Moudjahidine dans le cadre de la célébration du 60ème anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale et de la manifestation "Constantine, capitale de la culture arabe 2015". A l'ouverture des travaux, le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni a souligné, en substance, la nécessité de mettre en exergue les sacrifices du peuple algérien et les exactions du colonisateur français depuis 1830.