Le poisson n'a pas la cote auprès des consommateurs algérois durant les premiers jours de ce mois de ramadhan, vraisemblablement douchés par des prix dissuasifs, a-t-on constaté au port de pêche d'El Djemila, dans la commune côtière d'Ain Benian, à une vingtaine 20 km à l'Ouest d'Alger. Au port d'El Djemila (ex-La Madrague), il n'y avait pas foule devant les étals et commerces de poisson, alors que d'habitude, les amateurs de paella et de bouillabaisse, et même les simples badauds se pressaient devant les présentoirs. "Traditionnellement, le poisson n'est pas le premier plat auquel pensent les jeûneurs lors des premiers jours du ramadhan'', estime un poissonnier. Sur les lieux, les rares clients potentiels qui se présentent ne sont pas très enthousiastes, en dépit du grand zèle que met le poissonnier pour vanter la qualité de ses dorades et de ses crevettes. Il n'hésite pas à attirer les clients à l'intérieur du magasin, ouvre le frigo et montre la marchandise, disposée dans des casiers. Après quelques instants, la discussion prend fin et le client rebrousse chemin. A la sortie, le client explique que les prix ont suffi à refroidir son envie d'acheter. Aucune espèce de poisson n'est proposée à moins de 1.000 dinars. Ici au port d'El Djemila, la crevette est à 2.000 dinars/kg, le merlan et le rouget à 1.600 DA/kg, alors que la rascasse, un des poissons pour faire une bouillabaisse, est à...1.100 DA. Les potentiels acheteurs qui osaient un regard vers les casiers des poissonniers ou qui demandent le prix changent rapidement d'avis et renoncent à avoir du poisson sur la table lors de l'Iftar (rupture du jeune). Un de ces amateurs de poissons explique que le peu d'engouement des citoyens pour le poisson n'est pas dû à une quelconque refus d'un plat de poissons, mais ce qui bloque, c'est son prix élevé. "Il est vrai que je n'aime pas consommer la sardine pendant le ramadhan, mais pour les autres variétés de poissons, il n'y a aucune raison d'en refuser la consommation", souligne Fatah. Beaucoup d'amateurs de poissons et fruits de mer rencontrés au port d'El Djemila estiment que ''nul ne répugnerait à acheter des fruits de mer pour préparer des plats à base de poisson, voire à confectionner des boureks''. "Les fruits de mer sont excellents pour le bourek", affirme un habitué des lieux. Mais, il ajoute qu'il ne peut pas se permettre "ce luxe". Tous espèrent que dans les prochains jours, il y aura une baisse des prix du poisson. "Il faut espérer que les prix baissent au moins après la première semaine de ramadhan", souligne Djamel, qui est venu avec un ami "pour prendre la température", du marché, dit-il. Même ambiance morose du côté des pêcheurs. Le mauvais temps qui sévit depuis mercredi, à la veille du mois de ramadhan a obligé tout le monde à rester au port. Un ''Nord-est'' violent accompagné de bafagnes isolées, les a dissuadés à sortir chercher la langouste, la dorade ou le pageot de ce côté-ci de la Méditerranée. "On n'est pas sorti cette nuit pour pêcher, car il y avait un peu de vent", a souligné un pêcheur occupé à réparer ses filets sur le quai avec d'autres pêcheurs. "De toute façon, on ne force pas trop sur les sorties en mer lors des premiers jours du ramadhan car le poisson n'est pas très demandé", estime un autre. Et puis, il y a aussi la nécessité de se reposer "car il n'est pas facile d'exercer ce métier lors des premiers jours du mois du jeûne, alors on se donne quelques jours de repos", ajoute-t-il. ''Les gens trouvent que la viande et le poulet sont plus indiqués pour préparer des plats adéquats pour la rupture du jeûne", lance fataliste un autre pêcheur. En fait, ''l'Algérien, même durant toute l'année, n'est pas un gros consommateur de poissons, principalement à cause de son prix élevé'', poursuit le même pêcheur. Très demandée et considérée jusqu'à ces dernières comme le poisson du pauvre, la sardine, qui se vendait difficilement à plus de 100 DA/kg, a vu sa côte exploser depuis deux ans pour ne plus descendre aujourd'hui des 400-350 DA/kg, avec ces pointes de 800 DA/kg.