La population de Ghaza, enclave palestinienne pauvre et surpeuplée, continue de subir les affres du blocus imposé par Israël depuis neuf ans avec le taux de chômage le plus élevé au monde et des chiffres alarmants sur la situation humanitaire, un an après avoir été ravagée par l'agression militaire israélienne en juillet 2014. Le blocus asphyxiant imposé depuis juin 2006 entre dans sa neuvième année, avec un impact dévastateur croissant sur les vies des 1,8 million de Palestiniens et une situation humanitaire précaire notamment depuis l'agression militaire de l'été dernier. Les chiffres ci-dessous du rapport 14 juin 2015 illustrent quelques-uns des effets désastreux du blocus. Selon la Banque mondiale (BM), ce sévère blocus a entraîné une chute de plus de 50% du PIB de l'enclave et, avec la dernière agression militaire l'été dernier, a virtuellement tué ses exportations. Le taux de chômage à Ghaza à 44% et dépasse 60% chez les jeunes, est "probablement le plus élevé au monde" selon la BM, et plus de 80% des habitants du territoire dépendent de l'aide internationale et plus de 40% vivent sous le seuil de la pauvreté (Cnuced). Restrictions à la libre circulation des personnes Selon le rapport 2015, 535 patients palestiniens, dont 86 enfants, n'ont pas été autorisés à recevoir un traitement médical à l'extérieur de Ghaza en 2014. 160 autres patients, dont 16 enfants, ont subi le même refus en 2015. Environ 550 étudiants n'ont pas été autorisés à passer par le point de passage de Beit Hanoun (Erez) pour aller poursuivre leurs études dans des universités étrangères depuis 2014. Et environ 30.000 Palestiniens, dont des patients et des étudiants, attendent de traverser en Egypte, via le terminal de Rafah, l'unique accès au territoire de Ghaza qui ne soit pas contrôlé par Israël. Entrave à l'entrée de matériaux Israël limite sévèrement l'importation à Ghaza des agrégats, des barres de fer et du ciment, qui sont essentiels à la construction après son agression militaire contre ce territoire l'été dernier. Le taux d'entrée de matériaux de construction n'est que de 0,2 pour cent et à ce rythme, il faudra plus d'un siècle pour reconstruire Ghaza, un an après l'agression de l'armée israélienne, qui a tué plus de 2.200 Palestiniens et détruit la quasi-totalité des infrastructures. Aussi, 17.600 familles sont toujours sans abri du fait de la destruction de leur maison pendant l'attaque israélienne de 2014. Restrictions visant les pêcheurs Les pêcheurs sont autorisés à accéder à 6 miles nautiques sur les 20 miles nautiques de la zone de pêche qui leur a été allouée par les Accords d'Oslo de 1993. La marine israélienne a détenu 58 pêcheurs à l'intérieur de la limite des 6 miles en 2014 et 13 autres pendant les quatre premiers mois de 2015. Environ 1.400 tonnes de capture sont perdues chaque année à cause des restrictions sur la zone de pêche de Ghaza, ce qui prive l'économie de 26 millions de dollars par an. Effondrement économique 72 pour cent des usines de Ghaza ont fermé depuis 2007 à cause des restrictions sévères sur les importations, la presque-totale interdiction sur les exportations et les destructions causées par les opérations militaires israéliennes. Le secteur des exportations de Ghaza a pratiquement disparu et le secteur manufacturier connaît une réduction allant jusqu'à 60 pour cent. L'accès des fermiers à leurs terres dans les "Zones d'accès limité" (Access Restricted Areas, ARA), en particulier à l'intérieur des 300m depuis la clôture avec Israël, est interdit par l'armée israélienne et empêché par la force létale. En effet, 35 pour cent des terres arables disponibles à Ghaza sont d'une utilisation dangereuse pour les Palestiniens. Effondrement de l'infrastructure d'eau et d'assainissement La bande de Ghaza, dépourvue de ressources naturelles, souffre d'une pénurie chronique d'eau. L'ONU a déjà prévenu que l'enclave ne serait "plus vivable" d'ici cinq ans- et la guerre de 2014 a réduit à néant sa zone industrielle, déjà modeste. Après l'occupation, la moitié des terres cultivables et 85% des ressources halieutiques sont devenues inaccessibles (ONU, rapport 2012). En outre, 90 millions de litres d'eaux usées et partiellement traitées sont rejetées dans la Mer Méditerranée depuis Ghaza à cause des coupures d'électricité et du manque de matériaux de construction, dont les pièces détaches, pour les installations de traitement des eaux usées. 97 pour cent de l'eau fournie par les réseaux municipaux est impropre à la consommation humaine. Ces informations ont été recueillies auprès de l'Organisation mondiale de la Santé le 24 mai 2015, du ministère palestinien des Affaires civiles le 2 juin 2015, et du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) des Nations Unies. Par Fatiha KHALEF