L'émissaire de l'ONU en Libye Bernardino Léon a déclaré mardi à Genève vouloir parvenir à la formation début septembre dans ce pays d'un gouvernement d'unité nationale, affirmant la participation de toutes les parties libyennes à la nouvelle session de pourparlers de paix inter-libyens qui se poursuivait dans la capitale suisse. M. Léon a expliqué aux journalistes qu'il cherchait dans les trois semaines à travailler avec toutes les factions libyennes pour affiner les annexes de l'accord conclu en juillet et parvenir à la formation début septembre d'un gouvernement d'unité nationale. "Les annexes du texte sont en premier le gouvernement d'unité nationale, 0en second les priorités de ce nouveau gouvernement, en troisième place la composition, le fonctionnement, le budget des institutions de l'Etat libyen. Il y a également les arrangements de sécurité (...) et les priorités pour les institutions économiques indépendantes", a souligné l'émissaire de l'ONU lors d'une conférence de presse. "Le processus ne réussira que si nous pouvons rassurer tout le monde", a souligné l'émissaire. M. Léon a insisté sur l'importance de la stabilisation militaire dans les différentes régions de Libye avec le dialogue qu'il a instauré avec les diverses milices et forces armées mais il a regretté que dans ce domaine on "n'avance pas au même rythme qu'avec les politiques". Il a appelé "tous les Libyens à des paroles constructives pendant ce processus" et à éviter "les agissements unilatéraux". Les réunions de mardi se sont déroulées entre l'émissaire et les différentes factions séparément et Léon espère réunir tout le monde autour de la même table. "Nous espérons que cela se produira ce soir ou demain", a-t-il dit. Auparavant, des sources libyennes ont indiqué que quelque 30 personnalités représentant les parties en conflit en Libye se retrouveront mardi à Genève pour participer à cette nouvelle session. Etait présente également une délégation du Congrès général national (CGN, Parlement de Tripoli). Le 11 juillet, des parties libyennes ont paraphé un accord "de paix et de réconciliation" au terme de plusieurs mois de négociations sous l'égide de l'ONU. Mais cela s'est fait en l'absence des représentants du CGN, le Parlement siégeant à Tripoli et non reconnu. "La participation des représentants du Congrès général national (...) représente un pas dans la bonne direction. Le processus politique peut ainsi avancer", a commenté à Rome le ministre italien des Affaires étrangères Paolo Gentiloni. "Seules la confrontation et le dialogue entre les parties à la table des négociations permettront d'affronter les questions encore en suspens, afin que la Libye puisse finalement tourner la page et reprendre le chemin de la réconciliation et du développement démocratique", a-t-il dit. "L'objectif de l'ONU, qui nous a été présenté ce matin par l'émissaire est qu'au début septembre nous ayons cet accord ratifié et nous espérons aller à l'Assemblée Générale à New York le 21 septembre avec un nouveau gouvernement et un accord global", a expliqué aux journalistes Mohammad Ali Abdullah Addarrat, Président du parti Front National Libyen, un parti libéral issu de la lutte anti-Kadhafi. Pour M. Addarrat, la participation du CGN permet d'espérer trouver le moyen de répondre à leurs objections sur l'accord afin de fournir des "assurances crédibles, pas des assurances politiques pour avoir simplement un accord cosmétique". "Nous voulons un accord pratique qui puisse se traduire par une stabilité sur le terrain", a-t-il ajouté. Plus de trois ans après la chute du régime de Maamar El Gueddafi, la Libye, en proie au chaos, compte deux Parlements - et deux gouvernements - rivaux, l'un basé à Tripoli sous la coupe de la coalition de milices Fajr Libya, et l'autre dans l'est, le seul reconnu par la communauté internationale.