Une étude est en cours d'élaboration pour la réhabilitation, la préservation et la multiplication des peuplements des espèces forestières du pistachier de l'Atlas et de d'Acacia raddiana dans la wilaya de Ghardaïa, a-t-on appris auprès de la conservation des forêts. Confiée au Bureau national d'études pour le développement rural (BNEDER) par le ministère de l'agriculture et du développement rural et de la pêche pour le compte de la direction générale des forêts, cette étude qui est en phase finale, vise à asseoir des systèmes pour la préservation, la réhabilitation et l'extension de ce patrimoine forestier, a indiqué le conservateur des forêts Mohamed Abbas. Cette étude permettra d'élaborer une stratégie afin d'assurer l'intégrité de l'écosystème forestier, conserver la biodiversité, améliorer la productivité de ces arbres endémiques (Pistachier de l'Atlas et l'Acacia raddiana) protégées en Algérie et qui constituent des ressources pastorales et forestières d'une valeur inestimable, a-t-il déclaré. Elle comporte également un diagnostic écologique des peuplements avec un plan d'action pour la réhabilitation, la régénération et l'extension de ces deux espèces d'arbres dont l'importance écologique, agro économique et même culturelle n'est plus à démontrer, a-t-il expliqué . Répandu dans la partie nord de la wilaya, le pistachier de l'atlas "El Botma" en arabe et "Iggh" en Tamazight, est un imposant arbre acclimaté au climat aride et saharien de la région, il résiste aux conditions extrêmes (steppiques et arides). Soumis aux contraintes édapho-climatiques d'une part et anthropogènes d'autre part, il supporte les vents forts, les longues périodes de sécheresses steppiques, l'ensablement, la désertification et la pression croissante de l'homme et de ses troupeaux, selon les forestiers de Ghardaïa. Une colonie de plus de 700 arbres a été recensée sur une superficie de 3.000 hectares répartis dans les régions de Berriane le long de Oued N'SSA, de Guerrara et Daya Ben Dahoua , qui sont souvent menacés de déracinement des crues de l'oued et également à l'exploitation anarchique comme bois de fourrage et le chauffage par les bergers et la population locale, ont -ils dit. Dans le but de protéger cet arbre aux différentes vertus dont le fruit "pistache" riche en huile très énergétique et très prisé par la population, l'écorce produit de la résine mastic (colophane visqueuse) utilisé à usage médicale, la conservation des forêts de Ghardaïa a mis en place une stratégie intégrée qui s'articule autour de deux piliers : la préservation par la fixation des berges de l'oued en posant des gabions destinés à protéger le pistachier de déracinement par l'effet de l'érosion fluvial ainsi que la régénération de cette essence d'arbre par la production de plants dans la pépinière de Berriane, précise la même source. Pour ce qui est de l'Acacia raddiana , "Talha" en Arabe et "bsegh" en Tamazight, est une espèce particulièrement bien adaptée à la sécheresse, réputée, aussi pour son efficacité dans la fixation du sol par son système racinaire. Cette espèce arborescente du Sahara est répandue au sud de la wilaya de Ghardaïa, notamment dans les régions d'El Meneaa et Hassi El Garaa sur une superficie de plus de 14.500 hectares avec une densité de 20 à 30%. Cet arbre, aux nombreuses vertus, joue un rôle "majeur" dans les régions sahariennes notamment comme fourrage pour l'alimentation du bétail, sur les différents parcours traditionnels pour l'élevage, moyen de fixation et amélioration du sol, abri pour l'homme et les animaux, bois à usage multiple. Réputé chez les nomades pour ses nombreuses vertus médicinales, l'acacia est "indispensable" dans la pharmacopée traditionnelle saharienne notamment la gomme extraite de cet arbre, ses feuilles, ses fleurs et ses fruits. "Ces arbres qui ont défié le temps et le climat, restent extrêmement vulnérable pour plusieurs raisons dont la croissance démographique et urbanistique, l'arrachage et le pâturage excessif", a révélé de son côté le responsable du bureau de protection faune et flore de la conservation des forêts de Ghardaïa. Ces arbres sahariens qui s'adaptent aux conditions climatiques extrêmes, constituent une barrière solide pour la lutte contre la désertification et la fixation des dunes en tant que brise vent, a souligné M. Abdelwahab Chedad. A cet effet de nombreux spécialistes dans la lutte contre la désertification préconisent la création d'une cellule de recherche afin de revitaliser et intensifier ce patrimoine forestiers (pistachier et acacia) dans la région de Ghardaïa et développer les techniques de multiplication de ces deux espèces d'arbres menacés de disparition.