Des élections législatives en Egypte, sans parlement depuis 2012, se dérouleront dimanche et lundi prochains, les premières depuis l'arrivée au pouvoir du président Abdel Fatah al-Sissi, avec la participation de personnalités de l'ère Moubarak. Cette élection marque l'achèvement de la troisième étape clé annoncée dans la feuille de route présentée par le chef d'Etat égyptien en juillet 2013, juste après son arrivée au pouvoir après la destitution par l'armée de l'ex-président Mohamed Morsi. Les législatives avaient été précédées par l'adoption d'une nouvelle Constitution, l'organisation d'une présidentielle que Abel Fatah al-Sissi avait emportée avec (96,9%) des voix et la révision de la loi électorale. Ce scrutin, qui devait initialement se dérouler entre mars et mai, avait été reporté sur décision de justice. La Cour constitutionnelle avait jugé anticonstitutionnelle certaines dispositions de la récente loi électorale, notamment vis-vis-du découpage des circonscriptions. Ce vote permettra de doter le pays d'un nouveau Parlement élu depuis le soulèvement populaire ayant renversé Hosni Moubarak en 2011. L'ex institution législative avait été dissoute par une décision de justice en juin 2012. Depuis, les présidents égyptiens (Abdel Fatah al-Sissi et avant lui, Mohamed Morsi) assumaient à la fois les pouvoirs législatifs et exécutif. Les futurs parlementaires devront se pencher sur l'examen de quelques 200 décrets-lois publiés depuis 2012. Le scrutin en chiffres Selon la Haute commission électorale, plus de 55 millions d'électeurs, sur une population totale de 88 millions, seront appelés aux urnes, en deux étapes. Au premier tour, plus de 27 millions d'électeurs voteront les 18 et 19 octobre, dans 14 des 27 provinces du pays, alors que le vote des Egyptiens à l'étranger débutera samedi prochain. Les électeurs de la première phase voteront de nouveau éventuellement les 26, 27 et 28 octobre pour départager les candidats ayant franchi le premier tour. La seconde étape, concernant plus de 28 millions d'électeurs dans les 13 provinces restantes, aura lieu les 22 et 23 novembre. Le second tour aura lieu le 30 novembre et les 1er et 2 décembre et les résultats seront annoncés dans les deux jours. L'unique chambre du Parlement comptera 596 députés, élus selon un mode de scrutin complexe (uninominal et de liste). Retour des figures politiques de l'ère Moubarek Comme le montre une étude parue dans le quotidien gouvernemental Al-Ahram, de nombreuses personnalités marquant l'ère Moubarak reviennent sur le devant de la scène. Près de la moitié des plus de 5.000 candidats étaient des membres du Parti national démocrate (PND), la formation dissoute politique dissoute. "Les corrompus ont été écartés mais il n'est pas raisonnable de rejeter les trois millions d'anciens adhérents au parti", justifiait récemment Moustapha Bakri, candidat sous l'étiquette "Pour l'Amour de l'Egypte", la principale coalition en lice. L'autre coalition très attendue lors de ce scrutin est le Front égyptien, mené par le parti d'Ahmed Chafiq, dernier Premier ministre de Moubarak. Le parti salafiste Al-Nour --qui avait soutenu l'éviction de M. Morsi-- est le seul parti islamiste en lice. Mais il est ouvertement pro al-Sissi, constatent des observateurs. Ces élections se dérouleront en l'absence quasi-totale de la confrérie des Frères musulmans considérée comme "organisation terroriste" par le Caire. Quotas pour les femmes et les autres composantes de la société En terme de représentativité, les listes présentées par les partis politiques et les coalitions doivent respecter des quotas pour la représentation des femmes, des chrétiens, des personnes à mobilité réduites, des Egyptiens à l'étranger, de la jeunesse, des ouvriers et des paysans. La Constitution accorde au Parlement des pouvoirs non négligeables, notamment ceux de retirer sa confiance au Président et de voter une motion de censure contre le gouvernement.