Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a déploré les sentiments de discrimination, de frustration et de désespoir éprouvés par les enfants apatrides à travers le monde, ainsi que les problèmes spécifiques auxquels ils sont ensuite confrontés durant leur vie d'adulte, selon un rapport de l'organe onusien. "Dans le temps limité où les enfants apprennent à être des enfants, l'apatridie peut graver dans la pierre des problèmes qui les hantent tout au long de leur enfance et, ainsi, les condamner à une vie de discrimination, de frustration et de désespoir", a déclaré le Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés, Antonio Guterres, dans un communiqué de presse annonçant la sortie du rapport mardi. "Aucun de nos enfants ne devrait être apatride. Tous les enfants devraient pouvoir exister", a-t-il insisté. Cette toute première enquête du HCR sur le sujet des enfants apatrides a été menée dans sept pays et a pour objet de faire ressortir le point de vue des enfants apatrides, notamment dans la gestion des problèmes auxquels ils font face dans leur pays hôte. Le rapport conclut que "leur capacité à profiter de leur enfance, mener une vie saine, étudier et concrétiser leurs ambitions est profondément affectée par l'apatridie". Parmi les dizaines des enfants interviewés pour cette étude, intitulée "Ici j'existe : l'urgente nécessité de mettre fin à l'apatridie parmi les enfants", un grand nombre d'entre eux déclarent en effet que l'apatridie a sur eux de graves conséquences psychologiques. Ils se décrivent notamment comme étant "invisibles", "étrangers", "vivant dans l'ombre", "comme des chiens errants" et "sans intérêt". Dans le rapport, les enfants font également part des problèmes auxquels ils sont confrontés en grandissant, souvent en marge de la société et privés des droits dont bénéficient la plupart des citoyens. "Les jeunes apatrides se voient souvent refuser la possibilité d'aller à l'école ou à l'université et de trouver un emploi décent", a déploré M. Guterres, ajoutant qu'ils sont victimes de discrimination et de harcèlement de la part des autorités et sont plus susceptibles d'être exploités. L'apatridie affecte également l'avenir professionnel des jeunes, a ajouté le rapport. Pour mettre fin à cette situation, le Haut-Commissaire a appelé davantage de pays à soutenir la campagne du HCR ‘'IBelong'' (j'existe), lancée le 4 novembre 2014 dans le but de mettre fin à l'apatridie d'ici 2024. M. Guterres a constaté que dans l'année qui a suivi le lancement de la campagne, des initiatives et des actions, mises en œuvre au niveau régional par des Etats, ont donné naissance à un engagement nouveau de la communauté internationale sur cette question. Pour mettre fin à l'apatridie, le rapport du HCR exhorte tous les Etats à prendre les mesures suivantes : permettre aux enfants d'acquérir la nationalité du pays dans lequel ils sont nés au cas où ils seraient sinon apatrides, réformer les lois qui empêchent les mères de transmettre leur nationalité à leurs enfants au même niveau que les pères, éliminer les lois et les pratiques qui privent les enfants de nationalité en raison de leur appartenance ethnique, de leur race ou de leur religion, et assurer un enregistrement universel des naissances pour éviter l'apatridie. Plus de 250 personnes, dont des enfants, des jeunes gens et leurs parents ou tuteurs, ont été interviewés en Côte d'Ivoire, en République dominicaine, en Géorgie, en Italie, en Jordanie, en Malaisie et en Thaïlande, entre juillet et août 2015, durant la réalisation du rapport.