L'ONU a appelé les pays de l'Union européenne (UE) à changer les fondements de leur politique migratoire, et à apporter une réponse collective et efficace à la crise actuelle des réfugiés et migrants en situation de détresse aux portes de l'Europe. A l'heure où l'UE prépare une série de réunions d'urgence visant à prendre des mesures pour faire face à la crise actuelle des réfugiés et des migrants, "les pays européens, ainsi que les gouvernements dans d'autres régions du monde, doivent réaliser des changements fondamentaux pour permettre une réinstallation plus importante et élargir les quotas d'admission humanitaire, les visas et les programmes de parrainage, les bourses et les autres façons d'entrer légalement en Europe", a déclaré le haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Antonio Guterres, vendredi dans un communiqué de presse. L'Europe est confrontée à un afflux massif de réfugiés, tel qu'elle n'en avait pas connu depuis des décennies, a rappelé le Haut-Commissaire, précisant que plus de 300.000 personnes ont risqué leur vie pour traverser la mer Méditerranée en direction de l'Europe rien qu'en 2015. "Plus de 2.600 d'entre eux n'ont pas survécu à cette traversée dangereuse, y compris le petit Aylan, âgé de trois ans, dont la photo a bouleversé l'opinion publique mondiale", a déploré M. Guterres, en référence au choc provoqué par la diffusion dans la presse mondiale de la photographie du corps sans vie, échoué sur une plage turque, d'Aylan Kurdi, de cet enfant syrien qui fuyait la guerre avec sa famille. Dans l'ensemble, l'Europe n'a pas réussi à trouver une réponse commune efficace, et les gens continuent d'en souffrir, a constaté M. Guterres, avant d'énoncer un certain nombre de points fondamentaux à l'attention des pays européens. "Il s'agit principalement d'une crise de réfugiés, et non pas seulement d'un phénomène de migration", a tout d'abord précisé le Haut-Commissaire. Dans la mesure, a-t-il dit, où la grande majorité de ceux qui arrivent en Grèce proviennent de zones de conflit comme la Syrie, l'Irak ou l'Afghanistan, ils ont droit à une protection en tant que réfugiés du point de vue du droit international. La seule façon de résoudre ce problème pour l'Union européenne et tous ses Etats membres est de mettre en oeuvre "une stratégie commune, fondée sur la responsabilité, la solidarité et la confiance", a ensuite souligné M. Guterres. Selon lui, la première mesure collective à mettre en oeuvre de toute urgence est de débloquer les ressources nécessaires pour la réception, l'assistance et l'identification des réfugiés, principalement en Grèce, en Hongrie, mais également en Italie. Les personnes considérées comme pouvant légitimement prétendre à une protection doivent bénéficier immédiatement de programmes de réinstallation massifs, a estimé le Haut-Commissaire, tout en préconisant la création d'au moins 200.000 places supplémentaires dans tous les Etats de l'Union européenne. Ceux considérés comme ne pouvant pas légitimement prétendre à une protection doivent être le plus vite possible reconduits dans leurs pays d'origine, dans le respect de leurs droits humains, a-t-il ajouté. Il existe selon les observateurs trois causes distinctes aux migrations qui intéressent actuellement l'Europe, dans un contexte de crispation croissante entre Européens: persistance du malaise économique dans les pays de l'Ouest des Balkans, agitation du Grand Moyen-Orient, ainsi que guerres civiles et conflits en Afrique. L'intensification ou l'expansion de la guerre affectant l'est de l'Ukraine pourraient également rapidement faire naître une quatrième source de migrations. Autrement dit, l'ensemble des migrations auxquelles l'Europe est actuellement confrontée trouve racine dans l'existence de graves crises au sein de son propre voisinage et qu'elle n'arrive pas à régler. Un échec encore plus flagrant que le refus des Etats membres dans un soutien aux réformes concernant la politique étrangère et de sécurité commune, et notamment la politique européenne de voisinage, et dans leur propre incapacité à agir, en grande partie provoquée par le vide de légitimité que ces Etats ont créé, et que viennent désormais occuper les partis populistes xénophobes. Compte tenu de la fébrilité de sa politique étrangère, l'Europe ne peut avoir qu'un impact minime sur les guerres et conflits qui ravagent l'Afrique et le Moyen-Orient (son influence certes réduite devant toutefois être utilisée et développée). Du côté de l'ouest des Balkans, c'est en revanche une tout autre histoire. La Croatie est d'ores et déjà membre de l'UE, le Monténégro et la Serbie ont entamé des négociations en vue d'une adhésion, l'Albanie et la Macédoine sont candidates à l'accession, la Bosnie-Herzégovine et le Kosovo sont également des candidats potentiels.