Les crédits à la consommation ne seront lancés par les banques qu'après réception de la liste des produits éligibles à ce type de prêt, a déclaré, lundi à Alger, le P-dg de la Banque de développement local (BDL), Mohamed Krim. "Les banques sont prêtes à prendre en charge toutes les demandes de la clientèle sujette au crédit à la consommation, mais le ministère du Commerce doit, d'abord, arrêter la liste des produits éligibles pour nous permettre d'entamer cette opération", a souligné M. Krim qui s'exprimait, en compagnie du P-dg du Crédit populaire d'Algérie (CPA), Omar Boudieb, au Forum du quotidien national El Moujahid. Le retour du crédit à la consommation avait été décidé en février dernier dans le cadre de la tripartite afin d'encourager la production nationale, d'améliorer le pouvoir d'achat des citoyens et de contribuer à réduire la facture des importations, rappelle-t-on. Soulignant que le but escompté du retour du crédit à la consommation est de "booster" la croissance de l'économie nationale à travers l'encouragement des citoyens à consommer davantage les produits fabriqués localement, M. Krim a précisé que "toutes les banques, publiques et privées, seront concernées par cette opération". Pour sa part, le P-dg du CPA, M. Boudieb, a indiqué que la Centrale des risques, qui est un fichier interbancaire centralisé, est déjà opérationnelle depuis septembre dernier. Appelée "Centrale des risques des entreprises et ménages" (CREM), cette structure permettra de "mieux gérer" l'octroi des crédits à la consommation et d'avoir "une meilleure visibilité" sur les demandeurs, tout en s'assurant de leur capacité de remboursement afin d'éviter le surendettement des ménages. S'exprimant sur le paysage bancaire national, M. Krim a reconnu que le nombre des agences bancaires en Algérie demeure "insuffisant" avec une moyenne d'une (1) agence pour 25.000 à 30.000 habitants, alors qu'en France, la moyenne est d'une (1) agence pour 2.500 à 3.000 habitants. A une question sur la nécessité de la création d'une nouvelle banque d'investissements dédiée au financement des projets créateurs de la croissance économique, M. Krim a jugé que le mieux sera de dynamiser la bourse des valeurs mobilières qui demeure l'instrument "naturel" de financement des projets. Selon les chiffres avancés par M. Boudieb, les banques publiques prédominent par l'importance de leurs réseaux d'agences réparties sur tout le territoire national. Le réseau des banques était constitué, à fin 2014, de 1.113 agences dont 788 agences publiques (71% du total). Les ressources globales (à vue et à terme) collectées par les banques ont progressé de 17,8% en 2014, contre 8,1% en 2013 et 6,5% en 2012, leur permettant de passer de 7.238 milliards de DA en 2012, à 7.787 mds DA en 2013 et 9.117,5 mds DA en 2014, soit 87% des ressources totales. S'agissant des encours de crédits accordés à l'économie par les banques, ils sont passés de 4.285,6 mds DA en 2012 à 5.154,5 mds DA en 2013 et à 6.503 mds DA en 2014. Toutefois, M. Boudieb a souligné que la liquidité globale des banques s'est contractée au cours du 1er semestre 2015 et a, ainsi, considéré que les banques doivent drainer une fraction plus importante de la monnaie fiduciaire en circulation en proposant de nouveaux produits financiers et des taux d'intérêt plus attractifs. Parmi les nouveaux produits prévus, le P-dg de la BDL a annoncé l'introduction, dès début 2016, de produits-financiers islamiques tel que les dépôts sans intérêts, destinés aux citoyens voulant juste épargner leur argent, sans toutefois bénéficier des intérêts. Concernant l'opération de bancarisation des fonds informels, lancée depuis août dernier, elle a drainé plus de trois (3) milliards de dinars jusqu'à maintenant, a révélé M. Krim. Pour assainir le secteur informel, la loi de finances complémentaire 2015 permet aux détenteurs de fonds hors circuit bancaire de déposer leur argent auprès des banques dans le cadre d'un "programme de mise en conformité fiscale volontaire" contre le payement d'une taxation forfaitaire libératoire au taux de 7%, rappelle-t-on. Selon lui, les banques sont "dans une phase de gain de confiance vu le travail de sensibilisation engagé au profit des détenteurs de ces fonds pour susciter leur intérêt et régulariser leur situation vis-à-vis du fisc".