Mieux comprendre le droit humanitaire international afin de l'appliquer lors d'opérations militaires, tel est l'objectif de la 9e édition de l'atelier destiné aux officiers supérieurs, et organisé à Alger autour des règles internationales régissant les opérations militaires (SWIRMO). Prévu du 14 au 19 novembre courant, les ateliers de SWIRMO visent à "améliorer la compréhension et l'application du droit international humanitaire dans la planification des opérations, dans un environnement complexe qui évolue rapidement", a souligné le président du Comité international de la Croix-Rouge, M. Peter Maurer, dans une allocution à l'ouverture des travaux de ces assises. Les travaux porteront principalement sur des situations de conflit dans lesquelles le droit de la guerre vise spécifiquement à protéger les civils qui ne prennent pas part directement aux hostilités et à leur porter secours. "Une grande partie de l'atelier sera consacrée aux principes fondamentaux du droit international humanitaire, qui sont la distinction, la précaution et la proportionnalité", a-t-il ajouté. S'adressant aux 87 officiers supérieurs et officiers généraux, représentant 64 pays et 4 organisations, M. Maurer a précisé que les discussions tourneront autour du "processus de prise de décision et l'adaptabilité et la pertinence des règles d'engagement". Il s'agit de "trouver le juste équilibre entre nécessité humanitaire et nécessité militaire tout au long d'une opération (militaire)", a expliqué Maurer. Le responsable de la Croix-Rouge internationale a mis en exergue les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution, qui, insiste-t-il, demeurent des "principes de base", devant se traduire dans la pratique et être appliqués par les forces armés pour "guider et encadrer ceux qui sont engagés dans des opérations de combat dans l'environnement ultra-complexe que nous vivons". Pour preuve, "la complexité croissante de l'environnement de travail est particulièrement manifeste au Moyen-Orient", où, insiste-t-il, "il y a plus de groupes armés opérant en Syrie et en Libye aujourd'hui qu'il n'y en a jamais eu entre la seconde guerre mondiale et le début des évènements dans le monde arabe. Dans bien de cas, les acteurs armés bafouent le droit humanitaire international et les règles fondamentales qui régissent l'usage de la force pendant les conflits armés, a regretté M. Maurer. "Il n'est, en effet, pas rare qu'ils (acteurs armés) ciblent délibérément des civils et des biens à caractère civil au cours d'opérations militaires", a-t-il soutenu, avant de relever que les mêmes acteurs "obligent des milliers de personnes à fuir loin de leur maison et de leur communauté." Il ne fait aucun doute que l'environnement d'aujourd'hui, que ce soit pour les forces armés ou les acteurs humanitaires, est considérablement "plus complexe" en termes de dynamique du champ de bataille, avec une fragmentation et une multiplication des acteurs qui n'ont jamais été aussi grandes", a souligné le responsable humanitaire. Dans de nombreux contextes, la communauté internationale s'est unie pour protéger les civils pris au piège de cycles de violence sans fin en mandatant des opérations multilatérales de maintien de paix, a rappelé M. Maurer. Toutes ces évolutions dans la façon dont les guerres modernes sont livrées ont des conséquences à même d'entraîner des souffrances humaines et de ce fait, des besoins humanitaires. "Il est de notre responsabilité conjointe de nous assurer que le droit international humanitaire est respecté et dans toute circonstance, afin de limiter les souffrances des personnes touchés par les conflits armés", a affirmé l'intervenant. M. Maurer a estimé que le nombre des groupes impliqués dans les conflits armés non internationaux, au Moyen-Orient, en Asie de l'est et du sud, a quadruplé au cours de la dernière décennie. "La majorité de ces groupes sont de petite taille et organisés dans le cadre d'alliances changeants aux contours flous", a-t-il également fait savoir. En outre, pour tenir compte de la mosaïque des conflits contemporains, une partie spécifique de l'atelier qu'abrite Alger sera consacré à l'examen de l'urbanisation croissante, qui continue de produire des conséquences humanitaires pour les civils et des défis opérationnels pour les forces de sécurité des Etats. En effet, depuis 2008 les personnes qui vivent dans les villes sont plus nombreuses que celles qui vivent en milieu rural, et l'on estime que d'ici à 2050, ce chiffre passera à 70% et atteindra même 92 % dans certaines régions comme l'Amérique latine.