La musique classique algérienne vient de perdre l'un de ses grands noms, le musicien, professeur de musique andalouse et chanteur Sid Ahmed Serri, chantre de la musique andalouse, pour laquelle il a consacré plus de 50 ans de sa vie, pour préserver ce noble art. Décédé dimanche à Alger, Sid Ahmed Serri éprouve, dés son tendre age, une forte passion pour la musique andalouse. Né le 2 novembre 1926 à la Casbah d'Alger au sein d'une famille de mélomanes, il s'est initié jeune à la musique andalouse. L'apprentissage des techniques de psalmodie du Coran et l'interprétation des chants religieux et de quasidate, lors des cérémonies organisées à l'occasion du Mawlid Ennabaoui Echarif, aux mausolées de Sidi Abderrahmane Ethaalibi à la Casbah et de Sidi M'hamed à Belcourt, lui ont permis de s'imposer et de prouver son talent dans la récitation du saint Coran. Sid Ahmed Serri reçoit par la suite une formation solide dans le domaine de la musique andalouse classique, en adhérant à l'association d'El Djazaïria où il intègre les cours dispensés alors par le chanteur et musicien Abderrezak Fakhardji, se distinguant parmi les meilleurs élèves. Parallèlement au chant, il continue sa formation académique, entre 1946-1947, au Conservatoire d'Alger, sous la direction du professeur Mohamed Fakhardji.A partir de 1948, les studios de la radio lui ouvrent leurs portes, au sein de la troupe "El Sanaa", pour se faire connaître du grand public. Outre l'interprétation, la composition et la formation de jeunes talents, l'artiste active dans les années 1980, au sein de l'Association algérienne El-Maoussilia, en organisant plusieurs soirées, sous le slogan "le printemps de la musique algérienne". Sid Ahmed Serri, premier artiste lyrique à recevoir les insignes de l'Ordre du Mérite National, s'est consacré, dans les années 1990, à l'enregistrement du répertoire de la musique andalouse algérienne pour la préserver, d'autant que l'apprentissage de cette musique était resté pendant longtemps dans l'oralité. En 2000, il enregistre un coffret de CD du style "aroubi" et un recueil de noubates Andalouses, rassemblées dans près de 45 CD.Il a formé plusieurs artistes et musiciens dont Zerrouk Mokdad et Zakia Kara. L'enterrement aura lieu lundi après la prière Adhohr au cimetière de Sidi Yahia (Alger). Le parcours artistique de Sid Ahmed Serri unanimement salué ALGER- Des musiciens et des interprètes de la chanson andalouse ainsi que le ministre de la Culture rendent hommage à Sid Ahmed Serri, décédé dimanche à l'âge de 89 ans, et saluent son parcours artistique tout entier voué à la promotion et à la sauvegarde de la musique classique algérienne. Le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, a écrit dans un message de condoléances que l'Algérie et la famille artistique avaient perdu "un grand nom de la culture, un doyen et un repère" qui aura laissé derrière lui un riche patrimoine, devenu une "référence de la musique andalouse". De leur côté, des présidents ou membres d'associations, amis ou anciens élèves du défunt témoignent de la "passion" que vouait l'artiste à la musique andalouse ainsi que de son "travail de formation et de transmission" entrepris en 1952, année de son passage au statut d'enseignant. Brahim Behloul, président de l'association El Djazira, parle d'un homme de "foi et de conviction" qui a consacré sa vie à la chanson andalouse, alors que Youcef Oueznadji, à la tête des Rossignols d'Alger, évoque le dévouement du formateur à ses élèves. Le président de l'association Nassim Essabah de Cherchell, Mustapha Belanguer, rappelle de son côté le travail de préservation entrepris par le défunt à travers son ouvrage "Recueil des poèmes des noubates de la musique Sanâa", édité en 1997 par l'Entreprise Nationale des Arts Graphiques (ENAG), avant d'être complété et réédité en 2002 puis en 2006. Le chanteur andalou Noureddine Saoudi évoque pour sa part un "jour triste pour la culture algérienne" tout en saluant la "rigueur professionnelle" de l'artiste et formateur qui s' était investi dans un travail de transmission auquel il tenait par-dessus tout. Le président du Conseil national des arts et des lettres (Cnal), Abdelkader Bendamache pleure quant à lui la disparition de l' "un des pionniers de la musique andalouse" qui aura légué "un riche patrimoine" à la culture algérienne. Le président du Cnal, ami du défunt, qualifie le chanteur et professeur de musique andalouse Sid Ahmed Serri d' "artiste généreux", et considère que ses oeuvres, toutes enregistrées, constituent "un legs inestimable au patrimoine musical algérien". Né le 2 novembre 1926 à Alger, Sid Ahmed Serri s'était intéressé dès son enfance à la musique. En 1945, il adhère successivement aux associations El Andaloussia puis El Hayat. Elève de Abderrezak Fakhardji, il devint en 1952 enseignant de musique andalouse au sein de l'association El Djazaïria, devenue récemment El Djazaïria El Mossiliya. Sid Ahmed Serri, auquel le journaliste spécialisé Hamid Tahri a consacré en 2013 un ouvrage intitulé "Le chant du rossignol", est le premier artiste lyrique à recevoir, en avril 1992, les insignes de l'Ordre du Mérite National. En 2006, il a été élu à la tête de la Fédération nationale des associations de musique classique algérienne.