Les hammams urbains traditionnels sont à même aujourd'hui, en plus de leur valeur architecturale et des fonctions sociales et économiques qu'ils assuraient autrefois, de "revivifier la vie dans les villes et les quartiers", a considéré mercredi à Constantine la directrice de l'Institut de Vienne (Autriche) pour la durabilité (Oikodrom), Heidi Dumreicher. Mme Dumreicher qui intervenait en ouverture d'un colloque international sur les hammams en Méditerranée, organisé à l'université Constantine 3 en présence de l'ambassadeur d'Autriche à Alger, Mme Franziska Honsowitz-Friessnigg, a estimé que la redynamisation du rôle des hammams, dans les cités arabo-musulmanes, "pourrait constituer, quelque part, une des issues pouvant être imaginées pour affronter les crises économiques et sociales auxquelles les sociétés font face". Elle a évoqué, à ce propos, une étude réalisée en Algérie, en Syrie, en Egypte et en Palestine par une équipe pluridisciplinaire sur les hammams, dans le cadre d'une coopération algéro-autrichienne, pour affirmer que ces lieux "n'étaient pas seulement des espaces de jouissance du corps et un lieu de pratiques rituelles, mais également une institution sociale et économique". De son côté, l'universitaire Khadidja Adel, de l'université Constantine 3, a détaillé, dans une communication intitulée "Constantine et ses hammams: usages et pratiques", l'ensemble des fonctions assurées jadis par le hammam dans la ville des ponts. Elle a souligné que d'importantes activités, allant de la commercialisation de produits de beauté naturels, à la vente des bijoux, en passant par l'apprentissage de la couture et de la confection des gâteaux traditionnels étaient pratiquées dans les hammams. Affirmant que les hammams répondaient autrefois à une "demande sociale" et à "un besoin culturel", la conférencière s'est interrogée sur les critères sur lesquels se sont basés les initiateurs d'opérations de réhabilitation de six (6) hammams de la vielle ville de Constantine sur les dix sept (17) existants. Abordant le volet architecturel des hammams de l'antique Cirta, Mme Adel a présenté les hammams de Souk El Ghezel, de Bougueffa, ceux des quartiers de Chatt et Souk el Asser, tous dans la vieille ville, comme étant, autrefois, des "lieux dynamiques phares". Dans une déclaration à l'APS, Mme Honsowitz-Friessnigg a souligné que ce colloque international sur les hammams en Méditerranée, fruit d'une coopération entre le Centre de recherches d'anthropologie sociale et culturelle d'Oran (Crasc) et l'Oikidrom, constitue "un premier pas dans la coopération scientifique" ente l'Autriche et l'Algérie. Faisant part du lancement d'un thème de collaboration entre les universités de Vienne et d'Oran, pour l'apprentissage de la langue allemande, elle a précisé que les contours d'une coopération dans le domaine des sciences techniques, entre les universités de Constantine 3 et de Vienne, ont été abordés lors de son déplacement à Constantine. Organisé par le Crasc, en collaboration avec Oikidrom et l'ambassade d'Autriche à Alger, le colloque international sur les hammams en Méditerranée, inscrit dans le cadre du programme de la manifestation "Constantine, capitale 2015 de la culture arabe", se poursuivra demain (jeudi) avec au programme des communications portant sur les pratiques sociales et rituelles dans les hammams des régions de Médéa, de Tlemcen et de Constantine. Un workshop intitulé "le hammam, un don du passé pour l'avenir" sera également organisé en marge des travaux de la seconde journée qui donnera lieu à une visite du hammam de Souk El Ghezel.